Quelle est l’origine du projet ?
Suite au plaisir que nous avions pris à creer « Isabelle » de Jean-Luc Fonck en septembre dernier, nous nous sommes relancés dans un nouveau projet, pour le café-théâtre de la Toison d’Or. Nous nous sommes vite arrêtés sur le texte de Guy Foissy et toutes les folies qu’il nous permettait d’entreprendre.
Quelques coups de fils plus loin, on avait réuni un groupe de jeunes comédiens dont certains sont encore élèves au Conservatoire Royal de Bruxelles, alors que d’autres en sont, plus ou moins, fraîchement sortis.
Après d’autres coups de fils, nous nous sommes dit que nous avions envie d’ajouter de la musique et du chant à cette joyeuse bande. On s’est donc entouré d’un musicien et d’un chanteur lyrique qui assureront l’ambiance sonore.
Encore un coup de fil plus loin, on s’est aperçu qu’on avait grillé tout notre forfait mobile pour décembre et que ce serait impossible de téléphoner à nos familles à Noël... mais on espère qu’ils comprendront.
Pourquoi avoir voulu raconter cette histoire/pourquoi avoir choisi de traiter ce sujet ?
La mort est un sujet universel. C’est même une des rares étapes par laquelle nous passerons tous. Même toi qui lis tranquillement cette interview, un jour tu seras mort... mais on espère que ce sera après le 16 février, comme ça tu auras le loisir de venir nous voir, avant.
Ce qui est moins commun, c’est la manière dont on appréhende le sujet dans notre société. Peut-on en rire ? Faut-il en pleurer ? Est-il incorrect de s’en moquer ?
C’est donc un thème sensible à prendre avec des pincettes. Cependant, comme on est de sales gosses, on a décidé que si c’était délicat pour certains, ce n’en devenait que plus drôle pour nous.
On a choisi de traiter le sujet dans un climat d’insolence enfantine grinçante et d’impertinence. Après tout, on ne voit pas pourquoi la mort ne pourrait pas être une dernière fête.
Y’a-t-il des éléments autobiographiques ? Si oui, lesquels ?
D’un point de vue du contenu, non, nous ne sommes pas morts. D’un point de vue du contenant, nous avons pratiquement tous déjà participé à un enterrement.
Et dans ces cérémonies, même si le recueillement est de rigueur, dans l’équipe, nous n’en avons pas encore connu une seule où, que ce soit nerveusement ou de bon coeur, l’on ne finit pas par rire un minimum. Et nous ne vaquons pas aux mêmes cimetières, vous pouvez me croire.
Ici, dans le spectacle, même si l’on pousse le vice à son maximum, tout le monde pourra reconnaître, au minimum, une personne de son entourage dans les réactions extrêmes des personnages.
Y’a-t-il un message dans la pièce/le projet ?
Ce serait un peu bateau que de répondre « Peut-on rire de tout ? » car Desproges a déjà donné la réponse, mais pourtant ce serait pas mal...
Donc, pour nous donner une contenance, nous ne répondrons que par un questionnement plus rhétorique, limite Sartrien : En quoi le cloisonnement en milieu clos auprès de la plus grande terreur de l’Homme, la mort, influe, dans un groupe donné, sur le comportement de son prochain ? Faut-il aimer ce prochain comme soi-même ? Et si l’on rate son prochain, faut-il prendre le suivant ?
Vous me ferrez une dissertation de dix pages sur le sujet. Vous avez deux heures.
Pourquoi les spectateurs vont-ils aimer ce spectacle ? Quelles sont ses qualités ?
Déjà parce qu’ils ont bon goût, encore une fois. Ensuite, parce que le spectacle est drôle, enlevé et surprenant. Mené par de sympathiques comédiens bons vivants qui partiront d’une situation tristement quotidienne et basculeront lentement dans la folie pure et dure. Mais surtout, le spectacle est moins long qu’une cérémonie funéraire, l’entrée moins chère qu’une couronne de fleurs, l’acoustique moins dégueulasse que dans une église, et si l’on y pleure ce ne sera que de rire.
A quel public s’adresse la pièce/le projet ?
C’est vous qui voyez.
Si, vous savez, de base, que vous ne pouvez/voulez/désirez pas rire de la mort, nous ne pouvons que vous conseiller de profiter de ces soirées pour regarder l’intégralité de la Petite Maison dans la
Prairie.
Si, au contraire, vous estimez que l’on peut s’en railler, vous êtes les bienvenus pour nous rejoindre autour du cercueil.
Pourquoi au café-théâtre de la Toison d’Or ? Avez vous des perspectives d’avenir avec cette équipe ? ce projet ?
Comme dit précédemment, nous faisons partie de l’équipe du café-théâtre de la Toison d’Or, nous avons la chance de pouvoir bénéficier du lieu pour y expérimenter nos jeunes projets. Pour certains d’entre nous, c’est un premier spectacle hors des murs du Conservatoire, c’est donc une chance. La seule règle imposée étant que le spectacle doit être dans un registre drôle. Évidemment, on espère continuer à l’avenir de travailler avec cette équipe, on a toujours d’autres projets sur le feu que l’on aimerait mettre en place... mais ne mettons pas le cercueil avant de creuser.
Et en ce qui concerne Veillée Funèbre, on va déjà voir la réception du public. On a hâte. Et nous espérons pouvoir voyager avec un maximum... mais peut-être sur une courte durée, sinon le corps va commencer à vraiment sentir fort.
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Kévin Ecobecq, Valentin Vanstechelman et Justine Géradon.
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