Neuf spectateurs ont accepté d’intégrer la scène. Sporadiquement, Gaia les invite à lire une phrase. Le premier rang est aussi sollicité, comme ce monsieur choisi pour être Luis le temps d’une accolade. L’idée est d’intégrer le public dans le partage d’émotions.
Pas de décor mais une caméra qui permet à l’actrice de filmer ses invités en gros plan. A d’autres moments, les écrans reflètent des images en lien avec Irina et son parcours. Il y a aussi cette caméra située au fond d’un chariot, qui filme les actions de la comédienne à travers quelques centimètres d’eau.
Le drame s’est déroulé quelque part entre la Suisse, la France et l’Italie. Mathias Schepp, ingénieur, avait 43 ans et vivait en Italie. Irina avait bien eu un doute, avant la naissance des jumelles, lorsqu’ils avaient rencontré un jeune garçon mendiant dans la rue et qu’il n’avait montré aucune empathie. A part ça, rien. Jamais elle n’aurait pu anticiper cette issue tragique.
C’est avant tout l’investissement de Gaia Saitta, actrice italienne diplômée à Rome, qui fait de cette pièce une réussite. Lumineuse, empathique et chaleureuse, elle nous offre un récit très pudique de ce fait divers qui a secoué l’Italie. Pour l’actrice, c’est un « élan d’amour ». Alors qu’elle n’était pas encore mère lors de la conception du spectacle, elle a accouché en octobre. Son enfant est né le même jour et le même mois que les jumelles. Le destin s’en est mêlé. C’est avec énormément d’émotion que Gaia partage cette coïncidence avec le public, comme un cadeau. « La douleur ne tue pas ». La vie doit reprendre le dessus. Un très beau partage d’humanité.