Sur une scène reconvertie en plaine de jeu, les acteurs-grands-enfants remuent leurs corps, souples, fidèles qu’ils sont aux mimiques de l’enfant, à ses visages hébétés, sa gestuelle dynamique. Ils jouent de manière presque animale les intrigues effrénées d’un cœur « qui découvre tout en même temps » et qui se plaît à composer au gré des personnalités de son hôte. Christine Delmotte aime à souligner que « chacun incarne plusieurs personnages, exprimant tantôt nos parts masculines, tantôt féminines », pour faire tourner les facettes d’Amélie entre les comédiens, ce qui n’est pas sans faire rire.
Donner vie aux introspections émouvantes de l’auteure n’a jamais paru si simple car leur intensité est agréablement couplée de chants entraînants, de danses guerrières et de flashs endiablés d’une bagarre, pour faire « comme au cinéma ». Musique et chansons éloquentes se chargent de répondre en bande sonore à l’indifférence cruelle d’Elena dans un tourbillon de notes et de lumières, enracinées au plus profond de l’imaginaire coloré, à la fois du metteur en scène, mais aussi des comédiens. Le rêve se trouve dans les dessins projetés, les décors et accessoires qui illustrent une intériorité multiple, dont l’écho onduleux n’en finit jamais d’émerveiller, encore et encore.