Au début, deux chaises dos à dos monopolisent la scène, banales, jumelles. Deux hommes viennent les occuper, aussi dissemblables qu’un pois cassé et un pois chiche pris dans une boîte de conserve.
L’échange entre le brusque et le dément culmine en jeux de mots, inversions de rôles, retours à la case départ. Ils vont s’affronter, se séduire, se détruire, se confondre pour mieux nous déboussoler. Car c’est de cela qu’il s’agit. Nous forcer à plonger en nous-mêmes et déjouer les rouages de nos émotions les plus obscures. Sont-ils vraiment des ennemis ? Ils se surprennent parfois à reconnaître "leurs monstres", souvent à d’étranges complicités.
Le texte de Sébastien Vanden Berghe, fignolé, intelligent, teinté d’humour, n’hésite pas à jouer sur les sonorités, les associations, les oppositions, les contrastes et si nous pouvons parfois deviner la réplique suivante, elle revient plus en amont comme un boomerang servie par une scénographie où les éclairages et les costumes se livrent à des effets de superpositions ou d’invisibilité pour mieux
nous y mêler car "le noir est habité, nous n’y sommes pas seuls".