La première partie évoque un théâtre de marionnettes, où les acteurs apparaissent, tels des pantins sur tige, retranchés derrière un muret de sacs entassés. Le ton est donné. Plongés ensuite dans une ambiance de meeting politique aux accents plus que totalitaires, les spectateurs sont invités à jouer le rôle des nobles et des magistrats. Les voilà aussitôt mis à la trappe par un Père Ubu transformé en véritable leader charismatique qui s’est auto-proclamé roi.
Mais l’heure de gloire ne dure qu’un bref moment, et l’absurde personnage se retrouve bien vite seul dans sa tranchée, à l’abri des bombes qui éclatent de toutes parts. Des images de guerre défilent au-dessus de lui, la sonnerie d’un vieux téléphone le harcèle, la poussière l’envahit… Il n’en faut pas plus pour que les énormités comiques du début laissent la place à un malaise inquiétant.
Si les quatre "poupées", au fil du spectacle, semblent s’incarner un tantinet pour devenir un peu moins mécaniques, elles n’en restent pas moins dénuées de toute épaisseur psychologique et épousent ainsi parfaitement les personnages caricaturaux et grotesques de Jarry.
La musique de style guignol assure une unité entre les différentes atmosphères, et c’est donc sans surprise que l’on retrouve, à la fin, le Père et la Mère Ubu derrière leur castelet, pour un épilogue… ubuesque. La boucle est bouclée, et la figure désormais mythique d’Ubu roi se décline en une série de visages qui nous sont familiers, pour clôturer de manière triomphale une farce décidément prophétique. MERDRE, courez-y !
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