Avec ce récit autobiographique, Etienne Van der Belen (comédien) nous offre le témoignage d’une vie en chemin. Il habille sa narration d’une belle maîtrise des techniques de contes : création de personnages, adresse directe au spectateur, descriptions sensorielles, précises et jamais encombrantes, tout y est. Si dans les premiers moments du spectacle, cela crée une parole un peu étrange, rapidement, un rythme apparaît en entraîne le spectateur dans l’univers que le comédien habite, et rend presque réel.
Pascal Crochet, qui signe la mise en scène, l’a d’ailleurs bien compris et la scénographie porte au réalisme : les objets du marcheur ne sont jamais détournés, le mobilier est sobre et les couleurs neutres évoquent la nature, les musiques font partie d’un répertoire connu, il y a même la diffusion de plusieurs témoignages enregistrés lors du périple. Une mise en scène sobre et discrète qui se laisse totalement oublier au profit du comédien et de son récit.
Petit avertissement : le voyage traverse une partie de l’Italie du Nord, et les artistes ont fait le choix de conserver les interactions en VO. Approche multiculturelle donc, qui fait se côtoyer au sein d’un même texte la langue française, mais également de l’italien, de l’espagnol et un peu d’anglais. Pour le public, cette difficulté apparaît également comme le signe de l’impossibilité de comprendre tout à fait l’Autre, et participe d’un partage, d’une transmission du sentiment de dépaysement que dépeint le comédien.
Au fil des kilomètres, des situations, des nuits solitaires, Etienne se découvre en même temps qu’il semble se livrer. Et malgré rencontres et retrouvailles, malgré les témoignages et la réflexion, aucune réponse "toute faite" n’est découverte et la Joie parfaite reste, encore et toujours, à chercher.
Yuri Didion
0472/951.800
yurididion.wordpress.com