Un dj lance le karaoké, « Besame Mucho » puis Sinatra avec son « doubidou » entêtant. Pendant ce temps, l’homme s’affaire à dresser un calendrier géant avec des caisses en carton. Jour 10, l’homme s’est réveillé dans une chambre d’hôtel à Malte, portant un smoking qui ne lui appartient pas. Il souffre d’une amnésie passagère. « Je voyage sans bagage, sans passé ».
Mario Monti, enseignant napolitain, se réveille amnésique et cherche à retrouver son identité. Seul indice, un spam arrivé dans sa messagerie en provenance de Malaisie et qui lui fera entrer dans une aventure où se croisent des mafieux chinois, le Caravage, des millions volés dont 4,7 millions de dollars atterrissent sur son compte, Cassandre, une de ses étudiantes qui prépare une thèse en linguistique mésopotamienne et qui n’apparaît que sur l’écran sous formes de messages vidéo. Mais quand il cherche son nom sur Google, il ne trouve que l’ancien premier ministre italien. Nicolino Monti est invisible dans le monde réel et dans le monde virtuel, d’ailleurs « le monde virtuel copie le monde réel ».
L’auteur, acteur et metteur en scène argentin, Rafael Spregelburd, à qui l’on doit notamment « La Estupidez » (la connerie) et « Philip Seymour Hoffman, par exemple » que s’était approprié le collectif bruxellois Transquinquennal, poursuit cette quête identitaire dans la déconstruction temporelle, « le temps n’existe plus ». Le spam incarne le déchet, les déchets électroniques dans un empire d’occident en 1,000 morceaux. Le texte est complexe, ardu et questionnant, confrontant les langages – dont ces textes traduits par un célèbre moteur de recherche, avec toutes les approximations qui en font sa marque de fabrique -, les formes d’expression, la juxtaposition des images et les situations d’incompréhensions ou d’incommunicabilité typiques du XXIe siècle, qui peuvent en découler.
Hervé Guerrisi porte avec un énergie impressionnante le texte accompagné par Ludovic Van Pachterbeke, à la musique et aux platines. Il nous emmène dans ce voyage d’un homme perdu dans la masse d’informations sous la forme d’une enquête policière drôle tout en détruisant, construisant le décor.
« Spam » jusqu’au 27 octobre au Théâtre Les Tanneurs, 02 512 17 84, www.lestanneurs.be.
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