Tout ne glisse pas toujours comme sur des roulettes chez Radio Puisaleine. Il faut parfois s’armer de patience pour envoyer sur les ondes les chansons choisies et dédicacées à leurs proches par les fidèles auditeurs. Mais tout finit toujours pas s’arranger et, en dépit de quelques couacs, la chanson préférée de chacun est enfin diffusée à la demande.
Valéry Rosier avait déjà réalisé un premier court documentaire, "Dimanches", consacré au quotidien des petites gens et à l’ennui suscité par les temps d’attente qui font partie de la vie. Le film avait d’ailleurs reçu le prix du jury à la Semaine de la Critique au dernier festival de Cannes et le Magritte du meilleur court métrage.
Sans lâcher son idée de développer un cinéma de style mosaïque sur des instants du quotidien, Valéry s’intéresse à l’impact social de la chanson et à l’influence des émissions de radio sur les personnes isolées. Cela donne un long métrage de type documentaire, dont la trame s’articule autour d’une panne d’émetteur. Celle-ci crée un vide sonore soudain autour des gestes répétitifs et les activités récurrentes des habitants de la campagne picarde. Cette brusque interruption canalisera des énergies nouvelles. Lors de la reprise des émissions, la vie prendra des couleurs inédites.
"Presque tout le monde a une histoire avec une chanson française" constate Valéry Rosier. A partir de ces histoires, le réalisateur tourne des capsules chez des gens ordinaires qui acceptent de livrer leur cœur et leur solitude. Aucune lourdeur ou déprime dans le film mais plutôt de la résignation, de la tendresse et beaucoup d’empathie dans ces portraits qui s’emboitent comme une fresque. Un tableau de société réussi où le poste de radio sur lequel on cherche les ondes tient le rôle de catalyseur d’énergie. Rosier a su observer et exploiter les petits incidents techniques, les erreurs de transmission. On savoure ainsi la restitution humoristique des émissions "courrier du cœur" où l’auditeur se fait parfois secouer.