Par la justesse de l’interprétation et la vérité des émotions, Platonov (ou presque) offre une vision fulgurante de la décadence. Il transporte le public à travers les tourments de l’amour, l’éveil de l’amitié, les pulsions suicidaires et l’hystérie du désespoir. Sans cesse en mouvement intérieur, les personnages cassent le rythme de la représentation en confrontant l’humour cinglant aux sensibilités à fleur de peau.
Malgré sa longueur, ce spectacle d’une douce insolence tient le spectateur en haleine et l’emporte dans un élan de sensations intenses. Platonov (ou presque) se révèle une expérience en soi, un moment d’égarement, de folie poignante, qui laisse derrière lui un recueil d’impressions vives et bouillonnantes.
Monter le brouillon "Platonov" est une aventure. Avec une bande de jeunes acteurs, Thibaut Wenger, joue avec cette matrice monstrueuse, lue au prisme d’inquiétudes générationnelles. C’est un formidable mobile pour le jeu, qui attrape la vie dans un rapport à la fois sensible et facétieux, passionné et désinvolte. Ici tout peut arriver : une locomotive fonce sur nous, on se pend, on s’empoisonne, on se flingue sans être tout à fait mort, et ce n’est pas très grave. Plutôt qu’une trame narrative cohérente, metteur en scène et comédiens cherchent un fracas d’impressions, d’émotions contradictoires, un collage de sensations, avec mise en abîme et faux raccords.
"Platonov" sera rejoué au Théâtre Océan Nord du 17 au 28 mars.
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