Pied de nez à la morosité. Comme il est bon de se décharger d’une année pesante de violence, de douleurs, de misère humaine, de mensonges, de désinformation, de compromissions, et de guerres aux quatre coins de la planète ! La Méditerranée, Mare Nostrum devenue cimetière, les murs qui se construisent, la liberté qui s’effrite, la bio-diversité qui se lamine, la planète qui perd la boule… Hécatombe de nos stars et des grandes figures de notre culture. Tout nous bouleverse, tout nous heurte, tout nous a blessé !
Aussi, le spectacle traditionnel de la Revue, fleuron du théâtre des Galeries à Bruxelles se veut cette année plume de Dumbo, légère, fleurie de bons mots, dansante paillette, sur nos champs de bataille. Laissant de côté les choses qui nous dépassent, les choses qui nous font pleurer, les choses qui nous font hurler d’impuissance et de rage. Pédale douce donc, pas de mise à feu, pas de piloris de pacotille, pas de moutons enragés, pas de fiel débordant ni de sarcasmes assassins, pas de rires à gorge déployée, pas de farce déplacée. Plutôt le sourire de Bouddha... Une veillée simplifiée et chaleureuse de l’année pour conduire à la réconciliation plus qu’au lancement d’alertes. Devant une salle à l’écoute, le spectacle se pique de se focaliser avec tendresse sur la faiblesse humaine, sur nos travers, sur notre Belgique mère chérie qui tient debout contre toute attente, se faisant rivière de rires contournant les sujets qui fâchent, soulignant le surréalisme des situations, la meilleure faço, d’installer la bonne distance.
A deux pas du piétonnier tant haï, les onze artistes sont à pied d’œuvre pour une remise sur pied de bonne humeur. Ils vous attendent de pied ferme pour donner ce coup de pied plus que salutaire dans la fourmilière et partager leurs multiples pieds de nez. Ils vous souhaitent, vêtus de pied en cap - visez surtout le chapeau doré coiffé d’une plume et d’une rose - une très joyeuse entrée - de plein pied - dans 2017 qui ne sera pas pire pied, messires, que la pire année 2016 !
Du fond du cœur donc, merci aux Ladies and Gentlemen : aux acteurs, comédiens, danseurs, chanteurs, imitateurs chevronnés, que l’on voudrait tous installer sur piédestal, du plus petit au plus grand, et par ordre de taille ! Mais non, cela est impossible, ils sont tous grandioses, surtout quand ils s’empêchent coûte que coûte, au cœur de la joie théâtrale, d’être pris en flagrant délit de rire compulsif.