600 à 700 sacs gris se partagent la vedette d’une scène qui se veut laide, avec un renvoi au rêve bon marché symbolisé par une grande affiche ensoleillée. Ici, l’envers du décor coïncide avec l’endroit, personne ne cache ses émotions, d’entrée de jeu, Friedrike, une jeune femme enceinte communique son envie de se suicider tandis que le futur père cogne la tête de sa compagne contre le mur.
La recherche de laideur s’accentue et s’accompagne d’une descente aux enfers. A côté de ce couple en perdition trône Ringo, un jeune homme en chaise roulante victime récente d’un accident de voiture, sorte de maître d’une cérémonie qui récompense le malheur en présence des candidats. Le responsable de l’accident, Multscher, tente d’apaiser sa conscience en offrant son aide à la victime, tandis que l’épouse de Ringo, désemparée, ne supporte pas la présence de cet intrus.
L’aspect chaotique de ce désordre humain est renforcée par quelques moments détonants : un sirtaki improvisé par un homme-poubelle en guise d’allusion au drame grec ou quelques morceaux de karaoké surannés dont on ne sait s’il faut rire ou pleurer. Au travers d’échanges méchants et malsains, chacun essaye de trouver sa place, comme s’il n’existait plus d’autres moyens d’exister.
L’ensemble forme un spectacle assez indéfinissable dont il est difficile de tirer des conclusions. Peut-on décemment apprécier une pièce sans message apparent qui rassemble cruauté et perversité ? Peut-on accréditer ce moment d’horreur et de misère humaine ? Si vous y croyez, allez voir ces six "parasites", acteurs talentueux qui confirmeront sans nul doute vos convictions. Si, par contre, vous n’adhérez pas à cette idée, allez vérifier, vous serez peut-être surpris.
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