Dans leur village ardennais, deux amis d’enfance décident de sauter le pas et de tenter la grande aventure. Sous l’œil tendrement narquois et la compréhension un peu forcée des parents, les deux Tanguy vont vider leur carnet d’épargne et « investir » leurs économies dans l’achat d’un motor-home pour vivre la bohème : voir le monde, s’arrêter où on veut, travailler quand il faut... Un tournant et un piqué du nez dans un fossé plus loin : les voilà coincés dans un boulot saisonnier qui les retient plus longtemps que voulu. Et c’est en travaillant à la sapinière à quelques kilomètres de chez eux que nos deux compères vont amorcer le grand virage vers la maturité. Pour son premier film personnel, François Pirot réussit le portrait d’une génération tiraillée entre un monde à portée de main et la difficulté de s’arracher à ses racines. D’emblée, on est embarqué dans cette situation d’urgence où l’imminence sans cesse postposée du départ crée le suspens. Sans avoir l’air d’y toucher, François Pirot décortique les sentiments contradictoires de beaucoup de jeunes cherchant le juste milieu entre liberté et stabilité. Léger et sans prétention, tendre et insouciant, le film séduira un vaste public. Le montage plutôt rapide, les rythmes rock dans l’esprit des grands road-movies des années 60, associés à l’ancrage local en font une œuvre originale entre farce familiale et film d’aventure.
Guillaume Gouix et Arthur Dupont, charismatiques et complémentaires, forment un tandem irrésistible. Leur aisance à saisir les prétextes qui vont retarder les choix décisifs nous les rend vite sympathiques, voire familiers. On est pris par les situations cocasses et l’esprit vacancier dans lequel baigne l’intrigue, même si on se doute que tout cela finira par s’émousser.
Deux Magritte récompensent le travail de l’équipe de Pirot. Le premier rend hommage à la musique (le groupe Coyote plus Renaud Mayeur, François Petit et Michaël de Zanet) et le second, celui du meilleur espoir féminin, récompense Anne-Pascale Clairembourg.
Le grand gagnant des Magritte 2013 est Joachim Lafosse avec "A perdre la raison", sorti en salle en août 2012, qui rafle les principales récompenses.
Palmina DI MEO