Les Petits Humains

Dinant | Théâtre | Centre Culturel Régional de Dinant

Dates
Mardi 22 janvier 2019
Horaires
Tableau des horaires
Centre Culturel Régional de Dinant
r. Grande, 37 5500 Dinant
Contact
http://www.dinant.be/culture
info@ccrd.be
+32 82 21 39 39

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Les Petits Humains

Coproduction Théâtre de la Vie/Gazon-Nève et Cie avec le soutien du Conseil des Arts et des Lettres du Québec, des Offices Jeunesse Internationaux du Québec, de l’Office Québec Wallonie Bruxelles pour la Jeunesse et du Libitum
Production déléguée et diffusion : La Charge du Rhinocéros
Placement non numéroté sur gradin
Membre/60 ans et plus : 13 € – Non-membre : 15 € – Moins de 26 ans/Etudiant : 10 €

Depuis une dizaine d’années, Jessica Gazon et Thibaut Nève écrivent en collaboration des spectacles où s’entremêlent fiction théâtrale et vie réelle. Avec Les Petits Humains, ils confirment leur savoir-faire, épaulés par une très belle distribution. Ils explorent un questionnement bien de notre temps : la difficulté d’être parent aujourd’hui. S’inspirant, d’une part, de questions concrètes exprimées par des parents dans des groupes de parole et, d’autre part, d’enseignements de Françoise Dolto, Elisabeth Badinter, Bruno Bettelheim…, ils mettent en scène quatre parents aux personnalités et parcours bien contrastés, portant chacun le poids de leur histoire et de leur parentalité. Et entre ces quatre protagonistes, égarés dans un groupe de parole et bientôt "recadrés" par une thérapeute de groupe un peu gourou, se nouent des intrigues, des tensions, des alliances et des réconciliations inattendues. Si la pièce est traversée de situations très sérieuses, elle ne tombe jamais dans le psychodrame. Elle prend fort heureusement les chemins d’une comédie subtile, tantôt remuante, tantôt féroce, qui distille des vertus libératrices et désamorce le fantasme d’être un parent parfait. Car si le public s’émeut, sourit et rit, c’est parce qu’il y a comme une impression de déjà vu, de déjà entendu, de déjà vécu : un petit air d’universel.

Ecriture : Jessica Gazon avec la complicité des acteurs
Dramaturgie : Jessica Gazon, Thibaut Nève et Morena Prats
Conseiller en psychodrame analytique : Patrick Blauwart
Mise en scène : Jessica Gazon
Scénographie : Vincent Bresmal
Costumes : Elise Abraham
Création sonore : Guillaume Istace
Lumières : Guillaume Toussaint Fromentin

Distribution

De Thibaut Nève et Jessica Gazon
Avec Octave Delaunoy ou Sacha Pirlet (enfant, en alternance), Sébastien Fayard, Thibaut Nève, Céline Peret, Morena Prats et Laurence Warin

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Dimanche 15 octobre 2017, par Jean Campion

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Depuis une dizaine d’années, Thibaut Nève et Jessica Gazon écrivent en collaboration des spectacles, où s’entremêlent fiction théâtrale et vie réelle. C’est à partir d’une expérience personnelle que "Tripalium" (2008) oppose les contraintes du travail à l’épanouissement de l’individu. Autofiction et univers déjanté cohabitent dans "L’Homme du câble" (2009), "Toutes les mères sont dépressives" (2011) et "Terrain vague" (2013), une trilogie qui s’attaque à la figure maternelle. Documents préparatoires (textes, témoignages, etc.), sessions d’improvisation et expérience d’un conseiller en psychodrame analytique leur ont permis de créer "Les Petits humains". Un spectacle plein d’humour, qui nous oblige à observer lucidement les difficultés, auxquelles aucun parent n’échappe.

Jacques (Thibaut Nève), qui a pris l’initiative de ce groupe de paroles, invite chaque participant à préciser ses motivations. Luttant contre son stress, il montre l’exemple. Il s’est toujours fait une haute idée du métier de père. Mais depuis que son épouse l’a quitté, il a du mal à exercer son autorité sur des enfants, dont il est privé une semaine sur deux. D’autant que ceux-ci se laissent séduire par le nouveau compagnon de leur mère. Claude ( Céline Peret) est une maman revenue de ses illusions. Déçue par l’ingratitude de sa fillette et rongée par la culpabilité, elle reproche à son mari (Sébastien Fayard) de n’être qu’un "papa Disney". Accusation fausse, selon Bruno : sa femme noircit le tableau. C’est pour la soutenir qu’il l’accompagne dans cette démarche intéressante. Maria ( Laurence Warin) a trois enfants. Bien que son aîné soit dyslexique, c’est une mère épanouie, très souriante. Elle lit Françoise Dolto et espère que son expérince sera utile.

S’’adressant parfois au public, les protagonistes dévoilent des secrets cachés au groupe. Le hasard semble avoir joué un tour à Bruno et Claude, en les précipitant dans une union teintée de dépit. Il a fallu qu’elle le largue pour que Jacques tombe amoureux de sa femme. En observant les attentions du chevalier servant de Claude (qui n’était pas Bruno), Maria a senti disparaître son pouvoir de séduction. La maman avait escamoté la femme.

Durant plusieurs séances, ces parents pleins de bonne volonté appliquent "des techniques". Avec une liberté et une maladresse qui transforment ces prises de paroles en fiascos, souvent cocasses. Pressé de questions par Jacques, Bruno perd ses moyens. La gifle, que Claude, excédée, a donnée à sa petite Lucette, l’amène à subir les foudres d’un tribunal. Le procédé suggéré par Maria pour juguler la violence est séduisant. Pourtant, en l’appliquant, les deux hommes en viennent aux mains. Pour maîtriser ce chaos, on fait appel à Françoise (Morena Prats), une experte en psychodrame analytique. A partir d’un mot puis d’un objet symbolique, chaque participant est amené à se mettre à la place de l’autre. Un exercice physique débouche sur une confrontation avec soi-même. La rigueur, avec laquelle Françoise mène le jeu, provoque des déclics qui révèlent des failles et promettent des éclaircies. Malgré sa froideur apparente, elle est ouverte et sincère. Ainsi elle n’hésite pas à surprendre Maria, en lui confiant sa volonté de ne pas avoir d’enfant.

Thibaut Nève et Jessica Gazon ont trouvé le ton juste pour nous sensibiliser aux problèmes de l’éducation. Pas de didactisme ni de caricature. L’esprit pointilleux de Jacques, la candeur de Maria et le piétinement du groupe nous font rire, mais on se sent proches de ces parents aux abois. Ils nous touchent par leur fragilité, leurs désillusions et leur volonté de s’en sortir. Comme eux, nous sommes perturbés par les conseils contradictoires, diffusés par les magazines et matraqués par la pub. Sans proposer de solutions miracles, "Les Petits humains" nous incite à écouter plutôt les vérités cachées dans les contes de fées. Bien sûr, l’amour parental est indispensable à l’épanouissement de l’enfant. Mais s’il est inconditionnel, il devient une source de frustrations pour le parent qui se sent coupable et un frein à l’autonomie de l’enfant. Celui-ci doit pourtant apprendre à voler de ses propres ailes et assumer son "Héritage". Comme le lui conseille Benjamin Biolay.

Jean Campion

Centre Culturel Régional de Dinant