Ce livre autobiographique s’inscrit dans la collection de Vladimir Fedorovski, « Le roman des grands destins ». Elle porte en deuxième titre : « Le roman des lieux et des destins magiques ». Le « Roman d’un pianiste » de Mikhaïl RUDY s’inscrit indifféremment dans l’une et l’autre des catégories : le destin c’est celui d’une vie qui nous plonge au cœur de la Russie et de l’URSS des cinquante dernières années et le lieu « magique », bien sûr, s’appelle...musique.
La vie de Mikhaïl Rudy entrelace la réalité et le romanesque…peut-on être un artiste et russe sans être aussi un écrivain ou au moins un fou de littérature ?
Dès les premières pages, Mikhaïl Rudy entraîne son lecteur comme un ami, à la rencontre de l’enfance avec cette si belle scène de l’enfant au piano auquel répond un voisin, au violon, à travers la cloison qui sépare les appartements dans un quartier pauvre d’une ville d’Ukraine. A la fois de la musique et du romanesque !
Dans ce récit, on découvre ou redécouvre, ce qu’ont été le KGB, la censure sur les ouvrages, même les « classiques » , dont les traductions étaient interdites, le combat aussi des écrivains pour préserver leur œuvre coûte que coûte, comme Ossip Mandelstam dont la femme Nadejda apprenait par cœur les poèmes, ou les « samizdats » qui étaient la seule manière de sauver les manuscrits des plus grands écrivains de l’URSS.
Voici un roman émouvant, un roman d’initiation, un roman qui entraîne le lecteur vers la lumière de la musique et de la littérature. Ce livre est comme une bibliothèque il donne envie de lire Joseph Brodsky, « le son est la forme prolongée du silence, comme un ruban qui se déroule », ou Ana Akhmatova ou Montaigne…Mais surtout, c’est un formidable cadeau que nous offre Mikhaïl Rudy en nous offrant de partager sa vie, en nous la racontant comme à un ami…