"Le coeur en dehors" de Samuel Benchetrit aux Editions Grasset
Samuel Benchetrit réussit un roman d’une vérité désarmante. Son narrateur s’appelle Charly. Il a dix ans. Il est Malien. Il est né dans les banlieues, entre la Tour Arthur Rimbaud et la Tour Marcel Proust. Le roman raconte cette terrible journée qui commença par l’arrestation de sa maman. Ses papiers n’étaient plus en règle.Dans les banlieues où il est né, l il vit une journée qui commence par l’arrestation de sa mère. Ce jour-là, il n’ira pas à l’école, Charly. Il va errer dans les rues de la banlieue, dans ses souvenirs de ce qu’il y a vécu, de ceux qu’il a rencontré, des livres qu’il a lu...Il parcourt la cité, qui se vide de tous ses commerces, « le reste ressemble à un cimetierre de rideaux de fer », il évoque ce qu’il sait de son histoire, il aime parler de son grand frère (avant qu’il se drogue), de sa mère quand elle était au Mali…Le passé, les racines, la nostalgie, mais aussi Chopin, Verlaine, Gaspard Hauser. La poésie envahit cet enfant qui erre dans la cité.
« On dirait une ville après la guerre, sauf qu’il y a pas eu de guerre… »...voilà une de ces phrases qui vous éclate au coeur quand vous lisez Benchetrit.
Ecoutez-le, de sa voix calme et paisible, prétendre qu’il n’écrit pas un livre "politique". Et c’est peut-être vrai, même s’il se rétracte : "tout est politique".
Son roman est tellement citoyen qu’on se dit en le lisant que Camus aurait pu l’écrire.
Il n’y a pas de "Tour Albert Camus" dans la Cité...
Edmond Morrel