Les exilés ne sont pas toujours ceux à qui on pense. Oui, il y a évidemment ceux qui au début de cette tragédie moderne meurent, renversés sur leur pauvre barque par un bâtiment beaucoup plus grand que leurs chances. Ceux aussi qui voyagent en toute clandestinité. Et l’équipage qui vit une sorte d’exil de sa propre condition humaine, sans doute à force d’avoir connu trop de désespoir.
Que dire enfin de ce couple, elle européenne, lui immigré clandestin, tous deux vivant à Paris mais se rencontrant réellement lors de cette traversée...
Ce que reflète le Mouton et la Baleine, c’est cette frontière imaginaire qui existe entre les deux continents, européen et africain et qui divise de manière inéluctable les gens, qui confère à l’un la puissance et à l’autre l’assouvissement, qui confronte l’appétit à la satiété.
Pour accompagner les comédiens vraiment touchants et gonflés de tonicité, des musiciens créent cette atmosphère presque sacrée autour de leurs interventions sensibles. Ca vit tout le temps sur cette scène mouvante représentant le pont du navire. Ca chante, ça hurle, ça profère des horreurs mais aussi des vérités. Des vérités rares qui font surface, comme les baleines sortent de l’eau.
Le texte est riche tant il est proche de ces gens qui ne se ressemblent pas et tant il arrive aussi à prendre du recul en poétisant légèrement ces lourds instants.
Une belle réussite théâtrale sur toute la ligne.
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