La toile d’araignée
Dans un manoir des environs de Londres, Clarissa, épouse de Henry Hailsham-Brown qui travaille au ministère des Affaires Etrangères, s’ennuie quelque peu. Elle se distrait en recevant quelques amis : Sir Rowland Delahaye son tuteur, Hugo Birch un vieux juge de paix, et le jeune Jeremy Warrender qui lui fait une cour assidue.
Pippa, fille du premier mariage d’Henry, habite avec eux et refuse de vivre chez Miranda, sa mère toxicomane, remariée avec le détestable Oliver Costello. Clarissa, en attendant l’arrivée de hautes personnalités pour une rencontre secrète, s’adonne à un passe-temps insolite : elle suppose que des choses terribles vont arriver, comme par exemple trouver un mort dans le salon.
La supposition devient réalité quand elle bute sur un cadavre. Doit-elle avertir la police ? Dissimuler le corps ? Que raconter à l’inspecteur Lord, prévenu anonymement, et qui vient d’arriver ?
Distribution
Cécile Florin, Michel Poncelet, Marc De Roy, Catherine Claeys, Denis Carpentier, Cédric Cerbara, Sybille Van Bellinghen, Robin Van Dyck et Daniel Hanssens.
Jeudi 28 février 2019,
par
Palmina Di Meo
Petits délires d’Agatha
Clarissa vit avec son mari, Henry Hailshaw-Brown du ministère des Affaires étrangères, et Pippa, la fille du premier mariage de celui-ci, dans une belle demeure à la campagne. Pour tromper son ennui, la jeune femme à l’imagination fertile aime recevoir des amis et leur raconter des histoires intrigantes de possibles meurtres ou cambriolages. Elle compte parmi sa cour son tuteur, sir Rowland Delahaye, le juge Birch et Jeremy Warrender, un jeune soupirant. Voilà que débarque au milieu de ce beau monde l’affreux Costello, venu réclamer la garde de Pippa au nom de sa mère qu’il a épousé. Clarissa l’éconduit mais regagnant le salon, elle trébuche sur le cadavre de Costello au moment même où la police sonne à la porte...
Agatha Christie a écrit près de 70 romans et une vingtaine de pièces de théâtre très peu traduites en français. Gérald Sibleyras et Sylvie Perez se sont récemment mis à la traduction de huit de ses pièces. La toile d’araignée, écrite en 1954, à la demande de la comédienne Margaret Lockwood avec un rôle espiègle pour la fille de 14 ans de celle-ci (interprétée ici par Sybille Van Bellinghen), présente la singularité d’être une vraie comédie policière. Il y règne une atmosphère de légèreté et d’insouciance qui contraste avec une scène de crime. Impossible de résister au charme de cette société britannique avec son esprit de clan et de galanterie. Ici, le crime est d’autant plus incongru qu’il survient dans un contexte d’affabulations où la vérité se dilue au milieu des mensonges. La tâche sera plutôt malaisée pour l’inspecteur Lord (Daniel Hanssens), d’autant que les membres de cette maisonnée sont bien farfelus ! Conformes à la technique de Christie, les pistes vont être brouillées à souhait dans cette atmosphère bon enfant qui cache bien des secrets.
Est-ce parce que la pièce a été écrite pour une amie ? Clarissa (c’était le prénom de la mère d’Agatha Christie) présente des similitudes psychologiques avec Agatha elle-même qui était une enfant dotée d’une fantaisie débordante. Celle qui a publié un roman tous les ans à Noël, la reine du huis-clos, maîtrise l’art de la dramaturgie et de la comédie en typant ses personnages sans verser dans la caricature. Ils sont rendus avec finesse et bonne humeur par les comédiens de la troupe des Galeries. Il faut saluer la distribution impeccable, le décor élégant et la mise en scène respectueuse du style franc et enlevé d’Agatha Christie.
Le spectacle est divertissant même si on est loin des meilleures intrigues de la championne du suspens.
Palmina Di Meo
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