Quand on envoie un email en été à Vincent Engel, on reçoit cette réponse : "comme chaque année je suis en Italie pour écrire »… L’Italie est à la fois un lieu d’écriture, d’inspiration et un décor pour l’ imaginaire romanesque de ce romancier dont l’oeuvre, riche de romans, de nouvelles et d’essais s’inscrit depuis plusieurs années dans la bibliothèque idéale de la littérature francophone.
Dans son dernier roman, "La peur du Paradis", Vincent Engel nous plonge dans l’Italie aride et sauvage de la région des Pouilles. C’est dans ce cadre qu’il imagine le village de San Nidro, un hameau de pêcheurs accroché à la falaise. Dans ce cadre, il développe l’histoire d’un rêve qui unit les deux jeunes personnages centraux du roman, Lucia et Basilio. Le roman débute à l’aube du fascisme et s’achève à la fin de la seconde guerre mondiale.
Je propose à Vincent Engel d’identifier la thématique de son roman : vivre ses rêves ou rêver sa vie ? Peut-être est-ce cela la signification de la phrase d’Aragon qui se trouve au fronton du livre : « la vie aura passé comme un grand château triste » ?
Enfin, la haute figure de Giordano Bruno traverse tout le récit…Il est le symbole par excellence de la révolte contre l’obscurantisme, mais aussi du sacrifice à ses convictions quitte à en périr sur le bûcher.
Un très beau roman qui convoque l’imaginaire, le songe, la réflexion et la rêverie : les ingrédients de l’empathie romanesque qu’exerce avec tant de bonheur serein elui qui chaque été se retire en Italie pour écrire...
Edmond Morrel
Présentation de l’éditeur
L’Italie au lendemain de la Première Guerre. Entre mer et forêt, au cœur des Pouilles, se niche le village de San Nidro où grandissent Basilio et Lucia. Née de parents inconnus, Lucia est différente et les villageois s’en méfient : enfant presque sauvage, elle est l’amie des signes envoyés par la nature. Basilio, lui, vient de perdre son père. Pour conjurer le chagrin, il oscille entre deux mondes, sa vie de pêcheur sous la voile du sage Luigi, l’univers magique et inspiré de la petite fée des bois. Liés par le destin, Lucia et Basilio s’aiment et se jurent fidélité sans même se l’avouer.
Mais un acte irréparable (un bûcher dressé par les enfants pour incinérer le corps du vieux Filippo, qui avait pris Lucia sous sa protection) va faire basculer ces amours enfantines dans le cours tragique de l’Histoire. Sur ordre des fascistes, Lucia est enfermée dans un couvent de Bari. Elle parvient à s’enfuir et se retrouve à Rome. Basilio, désespéré, fera tout pour la retrouver. Une quête faite d’espoirs et de rendez-vous manqués à l’heure où l’Italie mussolinienne pactise avec le diable…
Une destinée à mille lieues du « paradis » de San Nidro attend les deux jeunes gens au cours de ce roman envoûtant. Après sa période toscane, Vincent Engel nous emporte dans une géographie sauvage et romantique où affleure toute l’âpreté d’un Sud qui échappe au temps.