« La nuit du monde » de Patrick Roegiers aux Editions du Seuil
Le point de départ du roman de Roegiers tient en quelques minutes : une rencontre fugitive qui a effectivement eu lieu entre les deux génies de la littérature du XXème siècle : James Joyce et Marcel Proust. Nous sommes dans la soirée du 18 mai 1922 au Ritz, à Paris.
Ecoutez sans plus attendre cette rencontre avec Patrick Roegiers qui démontre une fois encore qu’il est un vrai romancier, même lorsqu’il s’empare de personnages de l’envergure de "Jim" et Marcel ! Dans une langue jubilatoire et inventive, Roegiers nous transporte aux côtés de ces deux monstres qu’il nous fait aimer en leur restituant cette vérité qui ne trahit pas, celle des corps mourants de ces êtres qui ne vivent que par leur oeuvre.
Plongez-vous dans la "Nuit du Monde" : le bonheur d’écrire de Roegiers est contagieux et devient, pour son lecteur, une vraie jubilation à chaque mot, chaque ligne de ce très, très puissant roman.
Et puis la seconde partie...contient toute la Pléiade !
Edmond Morrel
Marcel Proust et James Joyce se sont vraiment rencontrés le 18 mai 1922, au Ritz, dans mon roman. L’amour de la nuit, la solitude, l’état déplorable de leur santé, l’insularité de leur personnalité, l’ampleur de l’œuvre, la folie de la langue, mais aussi les phobies (les rats pour l’un, les chiens pour l’autre), l’amour des chansonnettes (ils adorent « Viens Poupoule »), tout les rapproche. Marcel vient de terminer La Recherche, James de publier Ulysse. Un coup de foudre en amitié unit ces deux génies qui se tutoient.
Dans la seconde partie, Proust décède. À son enterrement, au Père-Lachaise, se presse le gotha de la littérature. Homère, Shakespeare, Molière, Diderot, Kafka, Calvino, Barthes... La disparition d’un écrivain contient celle de tous les autres. Et Proust en personne assiste à sa mise en terre. La fiction l’emporte sur le Temps. Les grands écrivains ne meurent jamais.
P.R.