La question de l’adaptation contemporaine d’un texte classique, tel celui de Tchekhov, est toujours empreinte d’une multitude d’interrogations. Comment parvenir à donner sens à un texte lu et relu, vu et revu, monté déjà maintes fois sur les planches ? Dans La nostalgie de l’avenir, on apprécie les choix thématiques que porte la mise en scène sur le texte. Myriam Saduis pose son dévolu sur les relations complexes qu’unissent les personnages, elle met en exergue les enjeux des liens familiaux et leurs interactions avec le processus de création en choisissant d’appuyer le questionnement de Kostia, jeune auteur en recherche de quelque chose de nouveau. Kostia – Konstantin Treplev chez Tchekhov – cherche les possibilités multiples d’accéder à l’authentique, poursuit une quête artistique torturée, exacerbée par la relation difficile qu’il entretient avec sa mère, une actrice célèbre attachée à une forme ancienne du théâtre. Une mère qui refuse de vieillir – suis-je toujours jeune ? questionne-t-elle sans cesse –, attachée à une époque qu’elle refuse de voir partir, teintant les instants de cette terrible nostalgie, nostalgie de ce qui n’est plus. C’est cette même douleur qui anime le fils, nostalgie de ce qui n’est pas, de ce qu’il voudrait voir advenir mais qui demeure absent.
Les pistes lancées étaient prometteuses, la scénographie est très pure, mais le résultat formel rend mal compte de la quête du jeune homme. On aurait aimé mieux entrevoir cet espace fragile de la recherche créative, sentir davantage cette part d’humanité qu’il porte en lui. Mais l’ensemble échoue à livrer l’innovation tant convoitée par Konstantin et nous laisse un peu perplexes devant un jeu parfois formaté – mention toutefois à la jeune Aline Mahaux dans le rôle de Nina – et une dramaturgie certes habile, mais qui privilégie avant tout l’efficacité.
Qu’à cela ne tienne, le théâtre est affaire de subjectivité et de sensibilité individuelle, et l’on ne peut ôter à La nostalgie de l’avenir le mérite d’être un spectacle cohérent, rythmé, esthétique parfois, ponctué de quelques belles idées, notamment dans le dialogue des différents media et dans les mises en abyme propres aux réflexions sur le processus de création. Myriam Saduis relève ici avec une audace assumée le défi de l’adaptation contemporaine d’un grand texte de l’histoire du théâtre.
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