Les révoltés intellectuels à la morale légère voire inexistante, le metteur en scène aime nous les présenter à la lumière d’un travail d’acteurs sensuel et puissant, offrant ainsi aux mots des habits de chair et de passion. Il l’a fait notamment avec Pasolini.
Avec Genet, il s’attaque aujourd’hui à toute une oeuvre, à l’histoire d’une vie entière qu’il structure au travers de tournants historiques.
Sur scène, l’écrivain est démultiplié dans une sorte de mythologie où les codes temporels s’effacent au profit d’un rapport frontal à lui-même et aux hommes. La sexualité qui s’en dégage parfois est brute et chorégraphiée. Le jeu prend alors l’apparence d’une danse langoureuse et nerveuse à la fois.
Le texte revêt la beauté de l’aventure et d’un humanisme à fleur de peau. Et aussi une belle idée de la liberté. Mais il apporte également dans son flux rapide une densité qui peut faire perdre le fil. Bref, comme spectateur, on ne peut pas toujours simultanément voir et intégrer, s’émouvoir et penser. Une lecture préalable pourrait combler ces possibles décrochages. Mais le théâtre doit rester une expérience de l’instant, sans préparation.
Quant au décor, le choix minimaliste d’un grand carré blanc en perspective qui aboutit au noir, au vide, introduit l’idée du bout du tunnel mais de manière inversée. Ce n’est pas la lumière qu’on y trouve mais une sorte de néant, d’infini. Les comédiens évoluent dans un cadre dont ils peuvent librement sortir et qui rappelle peut-être simplement la vie.
Du grand Dussenne encore une fois...
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