Ce dernier album des « Carnets d’Orient » s’ouvre avec une phrase de Camus qui définit avec une clarté lumineuse ce que peut être le travail de l’artiste, du romancier, de l’écrivain, de l’auteur de bande dessinée : « Comprendre le monde pour un homme c’est le réduire à l’humain ».
En effet, raconter les hommes, c’est aussi tenter de comprendre l’Histoire dans laquelle ils s’inscrivent mais aussi de rendre l’Histoire intelligible. De la rendre transmissible, dicible.
Ferrandez a trouvé comment bellement restituer « l’écho des anonymes » suivant la belle formule de l’écrivain Maïssa Bey qui signe la préface de « Terre Fatale ».
Ferrandez n’a pas vécu les événements qu’il raconte dans cet album. Ses parents, et lui jeune enfant, avaient quitté l’Algérie pour rejoindre la métropole, tandis que les « événements » survenaient et déchiraient le pays. Aujourd’hui, la plaie est toujours à vif…Mais, comme le dit un des personnages, une guerre se termine lorsque la parole revient…A n’en pas douter, c’est à cela que ce livre contribue.
Il participe de plain pied dans une démarche de compréhension mutuelle par une meilleure connaissance de l’Histoire, de sa complexité, de ses déchirements.
Une œuvre véritable, à lire et à relire.
Edmond Morrel
Présentation par l’éditeur :
1960. Resté à Alger, Octave doit retrouver Samia, qui a disparu. Le colonel Lebreton lui confie une mission délicate : permettre aux dirigeants algériens prêts à négocier de mener des discussions au plus haut niveau. L’officier lui révèle aussi que Samia s’est réfugiée au Djebel Amour, où elle s’est mise sous la protection de sa grand-mère. Elle attend un enfant… C’est ainsi qu’Octave retrouve celle qu’il aime, et qu’il la convainc de rejoindre Paris, enceinte de leur enfant. Quant à lui, il parvient à convoyer certains chefs rebelles jusqu’à l’Élysée, où ils seront reçus directement par de Gaulle dans le plus grand secret. Mais ces pourparlers de la dernière chance échouent. En Algérie, les extrémistes de tous bords rassemblent leurs forces. Manifestations et contre-manifestations se multiplient et se radicalisent, préparant la voie de l’inéluctable indépendance, mais aussi du cortège de violences et de massacres qui vont l’accompagner. C’est la fin d’un monde et, revenu une fois de plus à Alger, Octave va en être le témoin impuissant… Après Dernière demeure, voici le dernier volume de la grande série de Jacques Ferrandez sur l’Algérie contemporaine. Une oeuvre forte sur une période majeure de notre histoire récente, dont les échos résonnent avec force dans notre actualité.