« L’île », pièce écrite par Athol Fugard, auteur sud-africain, dénonçait initialement l’apartheid. Mais cette rencontre entre deux prisonniers que tout oppose peut être adaptée à tous les conflits.
A l’arrivée des spectateurs, les protagonistes occupent l’entièreté de la scène : ils remplissent successivement une brouette et deux trous, va-et-vient incessant aussi inutile qu’épuisant.
Ils se retrouvent ensuite dans leur cellule, décor minimaliste, ils nous font part de leur fatigue et de leur découragement mais aussi de leur volonté de mettre en place un spectacle à l’occasion d’un événement carcéral. Ils présenteront « Antigone », symbole de la condamnation politique.
Avec humour et tendresse, ils discutent de ce projet, reculent pour mieux avancer, et la représentation d’Antigone nous apparaît comme une magnifique mise en abîme. Pour rappel, dans cette tragédie grecque de Sophocle, Antigone s’oppose à la loi du roi Créon en exigeant une sépulture digne pour son frère Polynice. Il s’agit donc du combat entre l’humanité et l’injustice, entre la dignité et la rigidité.
Touchant et convaincant, alternant détermination et hésitation, nous assistons à un véritable partage entre un comédien rwandais et un comédien congolais. Il ne fait aucun doute que ce partage s’étend au public, ici en Belgique, mais certainement aussi quand la pièce se joue au Congo et au Rwanda, grâce à l’universalité des sentiments qu’elle fait naître. A voir.