Culottée, Isabelle s’empresse de contacter des directeurs de théâtre, pour leur vanter les qualités de ce spectacle en construction. Un zèle qui bute malheureusement sur des visions de la Coupe du monde diamétralement opposées. Ces stades tout neufs, faut-il en apprécier l’élégance architecturale ou concrétisent-ils l’arrogance de nouveaux riches, insensibles à la misère des ouvriers qu’ils exploitent ? Les tensions entre Magda et Eva déteignent sur les comédiennes. Vexée par Isabelle qui lui reproche de se contenter de coups d’un soir, Geneviève la harcèle de questions sur sa vie sexuelle. Celle-ci lui tient tête, au nom de son amour pour un mari plus âgé qu’elle. Des querelles qui cependant ne déracinent pas l’amitié.
"Hors-jeu" s’articule entre la réalité des comédiennes construisant leur spectacle et la fiction de leurs personnages. Les annonces au micro confirment au spectateur qu’il assiste à des scènes de théâtre, mais le dispositif trifrontal lui donne l’impression d’être dans un stade, une arène, pour assister aux affrontements entre Isa et Gene. Malgré leurs différences et leurs divergences, elles se battent pour tenter de donner du sens à leur vie.
Eden Hazard viendra leur rappeler l’importance de cet objectif, en leur lisant un texte de Francis Bacon. Eh oui ! Les dieux du stade viennent au secours des fans, dans "cette histoire où on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux". Elle bascule dans le conte de fées. Tout de blanc vêtu, Michel Lecomte apparaît comme un père rassurant, qui encourage les héroïnes à tenir bon et leur promet la victoire.
Depuis qu’elle supporte les diables rouges, Geneviève Damas fantasme sur Kevin De Bruyne. Face à son portrait, elle se lance dans un dialogue surréaliste, s’excusant de ne pas le poursuivre en néerlandais. Cet échange entre la fan paniquée et l’idole bourrue est hilarant. Il illustre la principale qualité de "Hors-jeu" : l’autodérision. Même si elles nous touchent parfois par certaines révélations, les autrices-comédiennes cherchent avant tout à nous amuser. Sans se ménager. Ces féministes osent même danser sur "Femmes des années 80" de Michel Sardou, une chanson particulièrement machiste. Dommage que les différentes séquences ne s’enchaînent pas sur un rythme plus vif. La pièce souffre même de certains temps morts. Cette lenteur incite à comparer l’intérêt de scènes fort diversifiées. Cependant, grâce à leur punch et à leur simplicité, les meneuses de jeu nous aident à apprivoiser ce spectacle insolite et drôle.