Notre monde est dominé par les images, celles des publicités en particulier, et la reconnaissance des pairs est souvent l’indicateur décisif d’une vie réussie et épanouie… Partant de ce constat, l’auteur dénonce le caractère étriqué d’un tel système où la suprématie des apparences conditionne de sincères sentiments à l’approbation du regard des autres. Certes l’histoire utilisée par LaBute pour porter cette critique n’évite pas quelques développements téléphonés ainsi que certains clichés. Les personnages incarnant les pairs notamment : le collègue cynique, moqueur et envahissant, et l’ex, mince, séduisante et prisonnière de son image. Cependant la caricature est assumée et permet à la pièce de jouer son rôle de miroir déformant (grossissant …) : nous avons en effet déjà tous plus ou moins directement expérimenté ce genre de situations.
La mise en scène précise et dépouillée permet de bien profiter des nombreuses répliques cinglantes et fait la part belle au jeu des comédiens. Parmi eux, Valérie Moreau, incarnant la pétillante (et « fat ») Helen, est particulièrement touchante par la combinaison subtile de lucidité et de sensibilité qu’elle communique. La sobriété de la scénographie d’Olivier Wiame rend fort bien quant à elle le côté aseptisé de l’univers dans lequel évoluent les personnages : du mobilier moderne, tout en angles droits, et un grand écran vidéo en toile de fond. Les images qui y sont projetées, créant l’ambiance de la scène en cours, apparaissent comme des motifs ou des détails de photographie dont on a peine à deviner la dimension réelle... Comme une preuve, s’il en fallait une, que les apparences sont parfois trompeuses.
« Fat Pig » offre un bon moment de théâtre … Une comédie romantique salutaire pour ceux qui auraient tendance à confondre leur être et l’image qu’ils en donnent.
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