Les pièces se déroulant dans les couloirs de la Commission ne sont pas légion. Il y a bien eu « Etudes » de Françoise Bloch qui abordait le thème des 20 000 lobbyistes de Bruxelles mais le sujet n’attire pas les foules. Pourtant, il devrait. C’est de l’avenir de la planète dont il s’agit, donc celui de nos enfants et petits-enfants. Ici, le point de vue est volontairement dénonciateur.
Notre assistant parlementaire, devenu lobbyiste du business de l’industrie agro-alimentaire et en particulier des pesticides, est guidé par ses envies de puissance, richesse et succès. Son ambition est donc très autocentrée. Hypermotivé, il est obnubilé par son objectif, arrivant à faire un déni sur les rapports du GIEC, les critiques diverses et même sur l’avis de son grand-père. A chaque obstacle, il trouve une solution utilisant tous les moyens possibles pour les contourner. Son discours est que tout est permis puisque seuls les pesticides peuvent permettre de juguler la faim dans le monde.
Le(la) lobbyiste est interprété(e) tour à tour par les deux acteurs car il (elle) pourrait autant être femme que homme. Il se parle à lui-même, à la seconde personne. Il maîtrise la rhétorique, ce qui lui permet de convaincre. Bien sûr, il ne se présente pas comme lobbyiste. Il est expert ou conseiller. Fin stratège, il arrive à s’imposer alors même qu’il ne fait que défendre les intérêts financiers de l’industrie agro-alimentaire.
En réalité, triste rôle que celui de défendre des intérêts financiers aux dépens de celui des êtres humains. Notre lobbyiste pourra-t-il se nourrir de cette perspective ? Soutenu par sa femme qui lui rappelle qu’il faut payer les factures, dénigré par son papy, pourra-t-il tenir sur le long terme ? Le spectacle monopolise l’attention de bout en bout, seules pauses accordées : deux chorégraphies sur un morceau de CCCP (groupe punk italien), « Lo sto bene ». Le message est vrai même s’il présenté ici de manière subjective. Du théâtre militant, la base, servi par une belle mise en scène et des acteurs au top, n’attendez pas !