« Enclave » par Philippe Carrese aux Editions Plon.
Philippe Carrese signe ici un roman magnifique, troublant, fort et grave. Cet ouvrage est d’une profondeur qui donne le vertige, un livre qui nous place au bord du gouffre. Il questionne la nature humaine. L’action se déroule en 1945, en Slovaquie. L’enclave, c’est le camp de travail de Medved’. Les soldats allemands ont pris la fuite et livré les prisonniers à eux-mêmes...Prisonniers de la liberté ?
Un "premier" roman de « littérature générale » prétend la quatrième de couverture. Oui, mais ce coup d’essai est un coup de maître. "Enclave"est à placer parmi les livres qui resteront. Philippe Carrese a d’emblée trouvé le ton juste, placé son regard à l’exacte distance nécessaire à la fiction pour qu’elle éclaire la réalité, développé toute la puissance d’investigation du romanesque. En le lisant on ne peut s’empêcher de penser à Georges Orwell, à Julien Gracq, à Albert Camus.
Ce roman haletant qui se lit d’une traite, pose les questions essentielles sur la liberté, la responsabilité, l’obéissance, le despotisme. Longtemps après avoir refermé le livre, les interrogations qu’il soulève hantent le lecteur. Le romanesque, traité par Carrese devient un instrument d’investigation intraitable de l’humain, dans ses plus sombres cavernes.
Le narrateur est un adulte racontant ce qu’il a vécu adolescent. Ceci est peut-être une des clés de compréhension de ce qu’est la littérature : le romancier aurait-il toujours besoin d’une certaine forme d’innocence pour que le pire soit dicible ?
Philippe Carrese a situé sa fiction dans un environnement géographique et historique réel. Tout est plausible. Tout est tragiquement plausible.
Philippe Carrese signe ici un ouvrage d’une profondeur qui donne le vertige, un livre qui nous place au bord du gouffre. Là où la moindre erreur de jugement est fatale.
Précipitez-vous pour lire ce livre, non sans auparavant avoir écouté l’interview que Philippe Carrese a accordé à Edmond Morrel. L’écrivain est autant passionnant quand il écrit et quand il raconte son travail !
Edmond Morrel
Présentation par l’Editeur PLON
Janvier 1945, Slovaquie. Les Allemands en fuite sous la pression de l’avancée soviétique abandonnent à leur sort les détenus du camp de travail de Medved’. Isolée au coeur des monts Tatras, coupée du cours de l’Histoire, une communauté oubliée du reste du monde se réorganise dans ce temps suspendu. Dans son petit cahier, le jeune Matthias tient la chronique du peuple de Medved’. Il écrit tout : les hommes, les femmes, le doute, l’horreur, l’espoir, le quotidien du camp, le courage, l’abnégation, l’ignominie. Il décrit les cycles de l’amour et des haines. Il témoigne des mécanismes du pouvoir, de la capacité de soumission des hommes et de l’inéluctable retour des réflexes despotiques.
Il écrit pour sauver cette enclave de l’oubli.