Le roman débute en 1896. Un groupe de résistants Arméniens prend d’assaut la Banque Ottomane à Constantinople. Cette action spectaculaire fait suite aux massacres qui ont eu lieu quelques mois plus tôt et qui ont fait 300.000 victimes. Il fait prendre conscience de la situation des Arméniens dans la Turquie de l’époque, l’Empire Ottoman. C’est par ce fait d’armes que commence le livre de Gilbert Sinoué pour s’achever, dix huit ans plus tard, au terme du récit hallucinant et terrifiant de la mise en œuvre de l’extermination du peuple arménien.
« C’est le soleil qu’ils vont éteindre » pleure un des déportés…Le génocide se poursuit : la mort, l’extermination par les armes pour les hommes et l’exil meurtrier pour les femmes et les enfants qui sont jetés sur les routes… « Tout un peuple avançait sur un drap mortuaire frappé aux symboles de la lune et de l’étoile (…)Ils n’étaient plus vivants, même s’ils respiraient encore » !
Crime contre l’humanité : ce terme apparaît ainsi formulé pour la première fois dans l’histoire dans un courrier de mise en garde adressé par les alliés aux autorités ottomanes…en 1915 !
Les responsables du Gouvernement Jeune-Turc ont été jugés en 1918 par le gouvernement libéral qui lui succéda. Jugés et inculpés par contumace du « massacre et de la destruction de toute une communauté « Le jugement précise encore que leurs crimes « furent perpétrés de façon parfaitement organisée (…), qu’il y a eu volonté d’extermination d’un peuple entier… »
Et le livre s’achève sur cette interrogation de Gilbert Sinoué : « Il est pour le moins étrange que les dirigeants turcs qui se sont succédés à ce jour persistent dans leur refus de reconnaître des massacres pourtant jugés et officiellement condamnés par leurs prédécesseurs… »
« EREVAN » démontre combien la vérité possède davantage de force et de puissance lorsqu’elle s’exprime à travers ce qu’ont vécu les protagonistes. La vérité et la reconnaissance du génocide seront le seul linceul d’un million et demi d’Arméniens, hommes, femmes, vieillards et enfants…et la seule voie de réconciliation. « EREVAN » est un livre essentiel dans ces temps où le négationnisme reprend vigueur et force !
Et puis, comme Charles Aznavour le clame dans l’avant-propos : « Les jeunes générations qui ne sont en rien responsables du passé mais garantes de l’avenir ont le droit de savoir et de se délier d’une faute qui n’est pas la leur » !