Le spectacle commence par une brève vision du « centre culturel mobile » installé sur la scène. Au milieu, un homme en costume. Quel âge a-t-il ? Que nous inspire-t-il ? Est-il marié ? Le dialogue avec le public s’installe. A l’issue de ces échanges, on découvre Frédéric Lubansu, prêt à nous raconter sa vie, enfin presque, puisque « seuls 99% des propos relatés sont véridiques ».
Sous l’injonction paternelle « soyez les meilleurs mais ne soyez pas des produits remarquables », Fredo et son frère se rendent à l’Athénée Royal de Koekelberg. Oui mais qu’est ce que ça veut dire ? Comment peut-on ne pas être un « produit remarquable » quand on fait partie des deux seuls « bronzés » de l’école ?
La majeure partie du spectacle est consacrée au récit des aventures de Fredo alias Mimoun, qui a vécu dans la rue entre 13 et 17 ans et demi, avant de décider de devenir artiste. Talentueux, il finit deuxième de sa promotion à l’INSAS. Alors que sa formation lui permet d’endosser n’importe quel costume (« jouer comme un Blanc »), il se rend compte qu’on (« (e)utopia », Armel Roussel) ne lui propose que des rôles « pieds nus et accroupi », on lui demande de « faire le sauvage, le dangereux … Depuis qu’il est sorti de l’école, on lui demande de jouer le Noir ».
De là, un burnout. Une remise en question. La décision de ne plus dépendre de personne. Il sera le « maître du jeu » et s’attribuera lui-même ses rôles. Suite logique de cette constatation, la dernière partie du seul en scène est consacré à la défense des métis, éternellement déconsidérés.
Sympathique, dynamique, militant, fier de sa famille, Frédéric Lubansu est un artiste protéiforme : comédien, metteur en scène, médiateur culturel, professeur en Droit culturel et co-fondateur d’une association « Afropean project ». Un spectacle drôle et sérieux mené tambour battant par un Fredo en super forme.