L’imaginaire peine à trouver ses points de repère dans les espaces intersidéraux. Comment rêver de jouir du spectacle des étoiles en apesanteur dans le vide tout en écoutant du rock and roll ? Et pourtant…
Ryan Stone (Sandra Bullock), experte en ingénierie, Matt Kowalski (George Clooney), vétéran de l’espace et un troisième cosmonaute sont en mission de routine. Ils en profitent pour admirer notre planète sous un magnifique éclairage interstellaire. Mais la balade vire rapidement au cauchemar. Une pluie de débris détruit leur navette et les voilà évoluant dans l’espace, protégés par leur simple combinaison, toute communication avec la Terre rendue impossible. Partis à l’assaut du spoutnik Soyouz, contraints de rejoindre un satellite chinois, le suspense atteint son paroxysme. L’action évolue à la vitesse d’objets volants qui tournoient, filent, se télescopent, explosent. Et lors des dérives dans l’espace, c’est l’oxygène qui vient à manquer et le temps qui est compté.
L’intrigue, critiquée pour sa minceur, pour ainsi dire inexistante, glisse sur un mince fil vital quasi métaphorique mais ne perd rien de sa vérité. Le scénario suit la reconstruction émotionnelle d’une femme au travers d’épreuves à surmonter pour regagner la Terre mère. Les dialogues y trouvent leur fonction essentielle, celle de détromper l’angoisse de la mort.
Contrastée et atonale, la bande sonore conçue par Hecq (Ben Lukaas Boysen) comble les silences et rend toute sa singularité à une ambiance atmosphérique nourrie de vibrations d’un anodin inquiétant.
Né à Mexico, fils d’un physicien nucléaire, Alfonso Cuarón avait déjà réalisé un premier film de science-fiction sur la fin de l’espèce humaine, Les fils de l’homme , adapté du roman de Phyllis Dorothy James.
Co-écrit avec son fils Jonas, GRAVITY revendique aussi une victoire personnelle du cinéaste sur le découragement face à l’adversité. Cuarón avait été contraint d’abandonner son projet de film A Boy and His Shoe qu’il envisageait de tourner avec Charlotte Gainsbourg et Daniel Auteuil dans les rôles principaux en 2009.
Immersion dangereuse, hymne à la vie, à la (re)naissance et au dépassement de soi, GRAVITY était projeté en ouverture du dernier festival de Venise et a déjà enregistré plus d’un million d’entrées durant les 5 premiers jours de sa sortie en France.
Les critiques louangent le film, les spectateurs accourent, certains détestent (machine hollywoodienne, flippant, creux...).
Il faut bien reconnaître que cette oeuvre spectaculaire sans effets spéciaux "bidons", se démarque des productions américaines courantes. "En situation réelle", selon l’avis des scientifiques (seuls l’un ou l’autre détail seraient faux ou auraient été sacrifiés pour l’esthétique : les cheveux de Sandra Bullock devraient normalement "flotter" p.ex.), le film dépasse la fiction.
GRAVITY est l’événement cinématographique, déjà mythique, à voir... en 3D et dans sa version originale.
Palmina Di Meo