Emma n’est pas Emma Bovary. Emma n’est pas une héroïne des temps modernes. Emma n’est pas un mythe en devenir. Emma poursuit simplement sa vie, comme tout un chacun, et nous convie au voyage.
L’écriture de Dominique Bréda fait mouche dans la bouche de cette Emma qui nous ballade à travers les âges, du nouveau-né à la vieille femme, en passant par l’ado rebelle et la quarantenaire désabusée. Loin d’une chronologie linéaire, structure habituelle dans ce type de seuls en scène, l’histoire d’Emma nous est ici présentée par ces quatre moments-clés qui s’entremêlent.
Grâce à son « costume » multi-usages, Julie Duroisin passe en effet de l’une à l’autre de ces femmes, de ces filles qu’elle a été et qui, toutes, auront croisé le chemin de Flaubert et de Madame Bovary que ce soit en le gribouillant, en le rejetant, ou en le relisant, enfin, après 40 ans.
Il ne s’agit ni d’adapter le roman, ni de dépoussiérer le 19e siècle à coups de référence ou de clins d’œil. Dominique Bréda choisit de rythmer la vie de son personnage avec Flaubert. Mais s’il cherche sans nul doute à démontrer que ce livre qu’on a obligé plus d’un adolescent à lire, a quelque chose à nous dire encore aujourd’hui, il nous offre surtout cette vie, ses hauts et ses bas, en toute simplicité. Et la simplicité sera le maître mot de cette mise en scène : plateau nu, quelques accessoires pour figurer les changements d’époque. Ce qui permet de centrer la pièce sur l’essentiel, l’excellent jeu de Julie Duroisin — fraîchement sacrée dans la catégorie « espoir féminin » par les Prix de la Critique 2009 — et le texte de Bréda teinté d’humour et de subtilité.
Grâce à leur fluidité, nous sommes entraînés dans ce récit, que l’on s’en sente proche ou non, que l’on soit profondément touché ou simplement attendri. En somme, un spectacle réussi et un agréable moment de théâtre !