Deux ouvertures officielles pour le Festival Courts mais Trash 2014. La première à La Zone à Liège ce mercredi 22 janvier. Dès le lendemain, second coup d’envoi au Centre des Riches-Claires à Bruxelles, structure d’accueil depuis ses débuts en 2005.
François Marache, l’initiateur du projet, y présente chaque année une sélection de films qui n’entrent pas dans les critères des autres festivals. Née du désir de créer une filière alternative pour des films de qualité en marge du courant traditionnel, l’asbl Born2BeCheap soutient un cinéma indépendant, réalisé à partir de peu ou de rien.
Beaucoup de premières réalisations trouvent une vitrine au Courts mais Trash, des films conçus avec le support de structures de prêt de matériel comme le Cendre vidéo de Bruxelles ou l’Association des Jeunes cinéastes. Des travaux d’élèves de La Cambre aussi ou encore de la prestigieuse Tisch School of Arts de New York, présente cette année avec un clip sur les persécutions des homosexuels en Russie.
Nous avons posé directement la question à François Marache. Quels sont les films accueillis par Courts mais trash ?
« Il s’agit majoritairement de cinéma ne bénéficiant pas ou peu de subventions. Ces sont des films réalisés avec des amis, ou en solo, parfois à partir d’images récupérées (ce que l’on nomme le found footage - v. p. ex. Rester mince grâce à bébé et Le Dobermann de Fabien Rennet ou Buck Fever de Neozoon) ou encore des réalisations Kino bouclées en 24 ou 48h. Pour la première fois, nous présentons une sélection off avec des films que nous n’avons pas pu insérer dans la sélection belge par manque de place, parce qu’ils étaient trop longs ou qu’ils ont été envoyés trop tard. Mais il y a aussi des coups de cœur, des réalisateurs déjà primés les années précédentes qui reviennent avec de nouvelles offres. Cette édition 2014 par exemple est particulièrement explicative. Nous avons même retenu un documentaire sur un performeur tatoueur ( Sur le Phil de Pierre Martin). »
Qu’est-ce que le trash ?
Le trash s’ancre dans les jeux de mots, une approche décalée, cheap, un humour au second degré, l’autodérision ou bien le simple plaisir de l’œil, l’outrance. C’est le cas de la programmation spéciale Super Trash (réservée à un public averti) avec des propositions plus décadentes pour un pur plaisir visuel (des amateurs du genre).
Monteur de profession, fraîchement diplômé de l’INSAS, François Marache réalise un premier film en vidéo qui, à l’époque, est refusé dans les festivals en raison de son support. C’est ainsi que naît l’idée de créer une asbl pour assurer la visibilité des films non acceptés dans les structures existantes. Après une première programmation sans règles précises, le festival s’organise progressivement et connaît un succès croissant. Courts mais trash est aujourd’hui régulièrement invité pour des cartes blanches dans les autres festivals parmi lesquels, le Brussels Short Film (où l’on avait pu voir le féroce Maximilien de Lewis Eizykman qui figure ici dans la sélection officielle), le Festival du Cinéma européen, le Festival de Toulouse, de Paris, de Nice… Une belle revanche !
Cinq séletions, des animations, une rock party autour d’une manifestation contestataire, décalée et deux compétitions (nationale et internationale), soutenues chacune à concurrence de 500 euros par la Sabam.
Le public est le seul jury du festival. Les spectateurs ayant assisté à toutes les projections marquent simplement en ordre décroissant "1-2-3" les trois films qu’ils préfèrent. Les vainqueurs sont connus lors de la séance de clôture prolongée cette année par une carte blanche à Cinemabrut, l’homologue français du festival.
And the Winner is ...
Carte blanche à Cinemabrut d’abord pour la séance de clôture : une occasion de découvrir quelques perles : dans la catégorie cinéma d’animation, citons Septimania, l’évolution rapide et décadente de la vie sexuelle d’un couple vue par Sylvain Cappeleto (mention spéciale festival Cinemabrut 2011), Les cowboys préfèrent les spaghettis de Jo River. Un thriller conjugal des plus diaboliques, celui de Damien Boullier avec Tout doucement. Une extrapolation scientifique des plus farfelues ou comment empêcher la collision d’une vache et d’un avion par L’Association des Partenaires avec Vache - Raël, et j’en passe.
Proclamation des lauréats de cette neuvième édition des Courts mais Trash.
La compétition nationale a vu la victoire de Marco Zagaglia avec un moyen métrage produit par L’oeuvrette Factory, The Boredom ou comment vaincre l’ennui de vivre. Le public a aussi marqué une préférence pour le premier film de science-fiction en wallon de Philippe Malempré & Nicolas Monfort : Pour une poignée de mollards et le documentaire sur le chanteur tatoueur de Pierre Martin : Sur le Phil.
De notre côté, nous avons aussi beaucoup apprécié le très court et incisif Alcubique d’Alexis Burlat ou encore Poste à Pourvoir d’Alliouch Conchin, ironies sur le formatage et l’évolution du monde du travail dans la catégorie film d’animation.
La compétition internationale a vu la victoire incontestée de Maximilien, le cauchemar introspectif de Lewis Eizykman, suivi par French Kiss de Celine Groussard (quelle langue pour le sexe ?) et Rester mince grâce à bébé de Fabien Rennet, un modèle de found footage réalisé sur base d’anciens documentaires des ministères de la Culture et des Affaires Etrangères et une indignation à propos d’une méthode douteuse de yoga pour bébés en provenance de Russie.
Courts mais trash fêtera ses 10 ans l’année prochaine avec de nouveaux événements dont un best of. La sélection est ouverte et sera clôturée en octobre. Les réalisateurs sont dès à présent invités à envoyer leur film. Aucune contrainte n’est imposée hormis celle de présenter un intérêt à être vu que ce soit par le thème, le style ou l’originalité du montage.
Palmina Di Meo