Dans un décor dépouillé évoquant une partie de maison, blanc et immaculé, France Bastoen arbore une tenue classique, simplement vêtue d’un pantalon gris et d’un pull bordeaux. L’intensité se trouve dans le récit, mis en valeur par la sobriété de l’accessoire.
L’histoire démarre sur des chapeaux de roue. France (qui n’a pas de prénom sur scène) détaille joyeusement la rencontre avec son futur mari dans la file d’attente d’un aéroport, et continue avec les heurts et malheurs de la vie qu’elle menait avant de décider de partir, se lamentant de n’avoir eu que trois partenaires sexuels à 25 ans.
Tout doucement, elle commence à relater aussi quelques moments partagés avec ces enfants. On découvre qu’elle est maman. La bonne humeur devient parcimonieuse jusqu’à disparaître progressivement, avant que nous ne plongions tous dans l’abîme.
La prestation de France va de pair avec le travail de Jean-Baptiste Delcourt, le metteur en scène. Quand ils en parlent, ils évoquent une « danse » commune, un travail fusionnel. Le texte comporte plusieurs niveaux de lecture. Il y a le fait divers, l’histoire de ce couple qui se termine en drame. A côté de cela, il y a le rapport homme-femme et surtout leurs caractéristiques intrinsèques. Un homme a écrit ce texte pour une femme toute en espérant éclairer les lecteurs masculins. Un autre homme a travaillé avec France pour le porter sur scène. Il s’agit pourtant de l’histoire intime d’une femme. Enfin il y a le contrôle, contrôle de soi, contrôle des autres, et la perte de contrôle, aussi. Contemporain, direct et accessible, le théâtre de Dennis Kelly captive. En conclusion, tous les ingrédients sont réunis pour passer une soirée enrichissante, n’hésitez pas !
Photos : Mathieu Delcourt