Ce jour te fera naître et périr

Bruxelles | Théâtre | Théâtre des Martyrs

Dates
Du 18 au 22 octobre 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre des Martyrs
Place des Martyrs, 22 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

Moyenne des spectateurs

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Ce jour te fera naître et périr

Une île désertée par ses habitants. Quatre prisonniers en fin de peine. Choisis pour une expérience pénitentiaire d’une durée d’un an ; sans menottes ni barreaux, libres de leurs mouvements, ils dorment dans des chalets tenus par des gardiens sans armes. L’hiver, la neige les retient à l’intérieur d’un vieux théâtre. Un accompagnant débarque. Avec lui, une pile de tragédies de Sophocle.
S’inspirant d’une prison humaniste basée en Norvège, Julien Lemonnier et Camille Sansterre ont imaginé cette histoire où quatre détenus, deux hommes et deux femmes, vont vivre la dernière année de leur peine en participant à un atelier sur Sophocle. En les confrontant aux récits tragiques d’hommes et de femmes qui, comme eux, ont chuté, connu le crime et le sang, le spectacle questionne la tragédie et la poésie comme moyens de résilience. Comment se reconstruire après la chute ? Ou comment faire le pari de l’art, de ce qui nous interroge et nous bouleverse au plus profond, pour donner une colonne vertébrale à une existence mise à terre.

Distribution

texte Extraits d’Œdipe Roi et d’Antigone de Sophocle • traduction française Sabine Baudson • jeu Patrick Brüll, Olivier Constant, Mercedes Dassy, Céline Peret, François Sauveur • voix François Sauveur, Françoise Gillard

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Vendredi 21 octobre 2022, par Chloé Clemens

Ce jour te fera naître ou périr

Belle surprise, ce mardi soir, au théâtre des Martyrs. La scène s’ouvre, des mots sont projetés en arrière-plan. On nous explique que quatre détenus sont amenés à participer à une expérience, isolés sur une île déserte. Pendant un an, ils vivront ensemble, hors de leurs cellules et prendront part à des ateliers de théâtre, tous les jours. Le thème : les tragédies de Sophocle.

Quatre acteurs se tiennent en ligne, de dos, disposés en avant-scène. Vincent, celui qui animera l’atelier, leur fait part du règlement interne, dès leur arrivée. Sur le plateau, il n’y a pas de barreaux mais des néons qui divisent l’espace, un casier en métal personnalisé pour chacun, un parlophone en plein milieu comme seul contact vers l’extérieur, quelques chaises. La scénographie nous donne l’impression d’un espace clos, refermé sur lui-même, presque futuriste.

Les détenus en fin de peine sont des archétypes forts, quatre faces d’une même pièce mises ensemble pour traiter de la société et de l’individu. Qu’est-ce que la démocratie pour vous ? Sommes-nous criminel de façon intrinsèque ? Camille Sansterre et Julien Lemmonier inspirent leur création d’une prison humaniste développée en Norvège. De ce processus, est explorée la question de l’incarcération de la réinsertion, de la vie d’après, de ce que le monde fait de la criminalité aujourd’hui.

Le sujet est bien amené, grossissant le trait, juste comme il faut, de façon à transmettre du vrai en scène. Le jeu des acteurs est minutieux, personnel et travaillé. Face à nous, nous avons des gens. Ceux-ci portent différentes voix avec beaucoup de justesse, y ajoutant le rythme nécessaire pour nous emporter totalement. Patrick Brüll, Olivier Constant, Mercedes Dassy, Céline Peret et François Sauveur composent avec talent un chœur de voix profondément humaines : des voix qui s’opposent, même de l’intérieur, des voix qui discutent, avec leurs propres mots. La mise en scène ajoute des couches de lectures précieuses. Par Sophocle, on vient questionner et débattre de sujets qui agitent la vie des hommes depuis la nuit des temps.

Malgré la complexité des thèmes, ce spectacle nous donne, avec tendresse et humour, un accès direct à toute leur densité. En utilisant la tragédie, il nous permet de réfléchir sur les rapports que nous entretenons avec nos erreurs, nos actions et nos failles, alliant la profondeur avec la légèreté du jeu. Un spectacle adapté à tous et à voir sans plus tarder.

Théâtre des Martyrs