Bleu bleu

Théâtre | Théâtre Océan Nord

Dates
Du 14 au 25 janvier 2014
Horaires
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Bleu bleu

Une comédie grunge !

Toulouse, 1992. Hades est un jeune homme à la dérive. Il brûle la vie par tous les bouts et la noie dans les stupéfiants, le sexe et la mouvance grunge. Il appartient à un groupe de 3 artistes. Leurs points communs : ce sont des personnages à la fois exaltés, désinvoltes et provocateurs. A l’approche d’une grosse exposition, ils se lancent dans la revente de drogue pour financer leur production artistique. Pris au jeu de cette activité commerciale, ils en font même le sujet dominant de leur travail. Ils filment pour les besoins de l’exposition une série de portraits de leurs clients et de leurs fournisseurs qui donnent un panorama de l’état d’esprit des années nonante. Mais l’attitude merdique d’Hades finira par lui attirer les foudres de son entourage.

Le mot de l’auteur et metteur en scène : Stéphane Arcas

Cette intrigue est une forme de témoignage poétique de ce qu’a traversé ou, malheureusement, pas traversé la génération X. Je suis parti de cette matière afin de peindre le paysage des années 90. Période ingrate par la pauvreté de son actualité : après la chute du mur et avant le 11 septembre. Si je trouve cet instant et cette génération importants c’est parce que c’est encore sur le rythme de ce désespoir apparu dans ces années là, composé d’un mélange de mélancolie et de fatalisme, que marche notre société actuelle. Cette génération, ma génération (dite sacrifiée ou perdue, donc) a été élevée avec l’idée que le progrès technologique, le confort matériel et la croissance économique apporteraient bien-être et promotion sociale, comme pour nos parents. La génération d’après-guerre était entrée sur un marché du travail en pleine transformation avec une très forte croissance et un quasi plein-emploi. Cette génération X a par contre grandi avec des fermetures d’usines et des politiques immobilistes d’austérité dans un monde où le fait qu’on soit qualifié, diplômé ou pas, ne change rien. Un libéralisme qui ne comble pas et un communisme qui s’effondre. Après la libération sexuelle c’était l’époque d’une sexualité frustrée, terrorisée, tétanisée face au sida.
Mais ’bleu Bleu’ n’est pas une complainte et heureusement, derrière toutes ces galères et ces malaises, une irrésistible fureur de vivre domine. Car, il existe une règle absolue : "lorsque la situation devient trop désespérée, si on ferme les yeux, qu’on envisage l’affaire autrement, on s’aperçoit qu’elle prête à rire."
Beaucoup de travail et de créativité, d’imagination qui font que cette génération comme les précédentes trouve ses solutions pour aller de l’avant. Elle hurle sa mélancolie mais surtout son envie de sexe, de rire et de combat politique. Ce sont juste les instruments qui ont changé et cela s’est traduit par des coups de poing musicaux comme le rap, le grunge, la techno et l’électro.

’Bleu Bleu’ est un thriller désinvolte, composé d’une étrange substance comique. Une comédie grunge donc.

Deux représentations le 21 janvier : 13h30 et 20h30
écriture, mise en scène Stéphane Arcas assistanat à la mise en scène Julie Nathan avec Marie Bos, Renaud Cagna, Cécile Chèvre, Chloé De Grom, Ugo Dehaes, Julien Jaillot, Nicolas Luçon, Guylène Olivares, Philippe Sangdor, Claude Schmitz. chargé de production Arnaud Timmermans scénographie Marie Szersnovic lumières Margareta Andersen musique Aymeric De Tapol et Michel Cloup

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6 Messages

  • Bleu bleu

    Le 16 janvier 2014 à 11:42 par Blabla

    Un théâtre niché près de la place Liedts, une grande scène à deux plans et des personnages grunges, un peu artistes, beaucoup drogués, pleins de questions sur la société, la politique, l’art, la relation amoureuse... une suite de monologues des personnages qui nous révèlent leurs pensées, leur mode de fonctionnment, leur questionnement... Jeu remarquable de l’actrice incarnant Isa, avec une délicieuse pointe d’accent. Personnellement, j’ai trouvé que la pièce était trop longue (2 heures 20) et que les morceaux de musique à la basse saturée soulaient un peu... mais cet avis n’engage que moi.

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  • Bleu bleu

    Le 17 janvier 2014 à 12:32 par mauvever

    Pas terrible ! De (trop)longs monologues ,de fausses vérités sur les drogues(y compris) l’alcool , cette mise en avant des """bienfaits"" de la défonce pour trouver l’inspiration et la créativité...triste .Les abstinents ne diront pas le contraire !!!!Le jeu des nombreux acteurs (10) sur scène est bon, mais pas suffisant pour faire décoller la pièce ,et pourquoi ces intermèdes musicaux de piètre qualité qui n’arrivent qu’à nous vriller les oreilles !je n’adhére pas ni pour le fond ,ni pour la forme !

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  • Bleu bleu

    Le 25 janvier 2014 à 10:07 par Leucothea

    Super pièce, de très bons acteurs, un bon rythme dans la pièce. Certes, elle est un peu longue, mais on peut s’y laisser transporter. Je conseille cette représentation à ceux qui n’ont pas peur de l’originalité, du surprenant, du psychédélique et des scènes un peu décalées. 
    Un superbe mise en scène, un espace bien utilisé, une interaction avec les autres et avec le public qui représente bien les "délires" posts-substance.
    En bref, allez-y !

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  • Bleu bleu

    Le 28 janvier 2014 à 10:35 par okcoral

    Encore une fois stéphane Arcas frappe un grand coup sans se soucier des règles et des convenances ! J’ai assisté à la dernière représentation de la série et j’ai été sidéré par le jeu de tous ces comédiens talentueux, ce decor et ces lumières plein de surprises combiné à l’étonante performance des deux musiciens. Bravo !!!

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Vendredi 17 janvier 2014, par Catherine Sokolowski

Petite révolution dans l’Hades’ Factory

Une kyrielle d’acteurs talentueux, trop nombreux pour les énumérer bien qu’ils le méritent amplement, occupent la scène métamorphosée du théâtre Océan Nord, déguisée pour un soir en vieil appartement d’artistes avec un réalisme surprenant. « Ma génération m’emmerde », est le leitmotiv de la soirée, les jeunes artistes passent leur temps à « faire le parallèle entre Lenine et Lennon, Staline et Stallone ». Et du temps, ils en ont, la pièce dure plus de deux heures. Un réquisitoire très sombre, parsemé de jeux de mots, de quelques touches d’humour et d’une lueur d’espoir qui offre un ensemble dense et long, mais captivant.

Hades (Nicolas Luçon) revient de l’hosto. Son but : profiter des plaisirs de la vie : la drogue, le sexe, l’art. Avec ses potes, il compte « produire de la came pour financer de l’art », à moins que « le commerce en narcotiques ne devienne une œuvre d’art ». Ils décident de filmer les monologues de leurs amis artistes dans cet appartement sans âge. Défoncés, déçus par le monde dans lequel ils vivent, ils dénoncent leur époque : la « génération sacrifiée » des années 90, celle de la guerre du Koweït et des effets dévastateurs du SIDA.

Le texte de Stéphane Arcas est riche, parfois drôle, parfois cynique, toujours très touffu : certaines répliques fusent sans pouvoir être vraiment digérées. Une touche d’humour récurrente agrémente les échanges, lorsque l’auteur parle du futur, nécessairement inconnu et pourtant assimilé : « nous sommes tous devenus des lavettes » à la mort de Kurt Cobain, le 5 avril 1994. Oui, sauf que la petite révolution poétique à laquelle on assiste se déroule en 1992 ! Cette incursion du futur dans le présent est très réussie et apporte un soupçon de légèreté à ce réquisitoire contre une décennie. Beaucoup de jeux de mots également, dont l’amusant « mens sana in corpore salope » donne le ton.

Finalement, un spectacle surprenant, un discours contre une époque doublé d’une furieuse envie de vivre et de profiter, un cocktail explosif assez interpellant. On retiendra la qualité du jeu des acteurs et la richesse du texte, mais on regrette un peu la longueur de la performance qui réduit la concentration pourtant nécessaire à l’assimilation du contenu. Un voyage dans le passé au goût de présent clôturé par une note d’espoir, le théâtre Océan Nord continue ses explorations, profitons-en !

Théâtre Océan Nord