« Le stand-up c’est tenir une salle avec un verre d’eau et un micro et la faire rire pendant une heure, une heure et demie, respect », dixit Alain Chabat. Laurence Bibot ne dit rien d’autre quand elle affirme que « le stand-up c’est comme la réanimation, si tu ne les as pas directement, tu les perds définitivement ». Attention spoiler : elle ne les perd pas....
Dès l’entrée, elle singe un guitariste de hard rock avec, çà et là, quelques gestes typiquement plus masculins que féminins, mais bon les mœurs évoluent parfois. Mais elle s’essouffle, rapidement : « je ne peux plus faire ça, je me sens vieille. Je ne peux pas dire je suis vieillie, j’essaye de faire jeune » et de dévoiler son tatouage sur la cheville droite, le dessin de ce qu’elle préfère au monde (on vous laisse la surprise). Elle s’imagine déjà à la maison de retraite dans 30 ans et craint en devenant vieille de devenir méchante.
Revenant au quotidien et sans aucun complexe, elle procure quelques conseils pour réagir au harcèlement en rue. Sans faire d’angélisme : « nous vivons dans le monde pas dans un album de Martine ». Elle plaide également pour l’introduction de scènes de cul dans des films belges vu que l’on a de très jolies actrices chez nous. Et se plaint qu’il est difficile pour un vieux couple de se réinventer : « trente ans dans la même salle de bain ne laissent pas des traces que dans la baignoire ». Elle évoque encore notamment son enfance avec ce stage d’équitation qui lui donnait l’impression d’être Roman Polanski avant de dédier ce spectacle « à sa maman qui n’a jamais pu faire ce métier » (mais dont la photo trône bien vue sur la table à côté du verre d’eau).
Laurence Bibot est égale à elle même, drôle, énergique, parfois même émouvante, excellente comédienne, elle occupe tout l’espace. Il ne faut donc pas se laisser induire en erreur par l’affiche à la Wolinski (ou de Wolinski ?) sur laquelle on la voit lâcher un vent (précaution inutile, il est clairement écrit : prout). En dépit de quelques piques acérées, l’une ou l’autre chanteuse, les émotions parfois peu convaincantes d’actrices qui reçoivent une récompense, Laurence Bibot reste relativement distinguée, peut-être que son aversion pour le lâcher-prise l’empêche de se lâcher complètement.
« Bibot Distinguée » de et avec Laurence Bibot au Théâtre de la Toison d’Or (TTO) à Bruxelles, 02/510.0.510, www.ttotheatre.com
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