J’AI ETE EDUQUE DE MANIERE AUTORITAIRE & FRANCOPHILE

Ixelles | Théâtre | Théâtre Marni

Dates
Du 3 au 4 mai 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Marni
Rue de Vergnies, 25 1050 Ixelles
Contact
http://www.theatremarni.com
info@theatremarni.com
+32 2 639 09 82

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J’AI ETE EDUQUE DE MANIERE AUTORITAIRE & FRANCOPHILE

J’AI ETE EDUQUE DE MANIERE AUTORITAIRE & FRANCOPHILE aborde la situation explosive de notre monde contemporain, et l’idée de la fracture à l’échelle individuelle, à l’échelle d’un pays et à celle du monde.
"Je suis né et j’habite dans un pays cocasse. Dans mon pays, nous parlons plusieurs langues. Mais il n’est pas rare que nous en utilisions une autre pour nous entendre entre nous. Dans mon pays, nous ne formons pas vraiment un pays, encore moins une nation, et pourtant dit-on, mon pays est la capitale de l’Europe. Malgré cela dans mon pays, dit-on encore, certain•e•s veulent se séparer les uns des autres.
Dans mon pays, il y a beaucoup de frontières. Car mon pays ne se contente pas de ce qui la sépare des autres pays : l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, le Luxembourg (très important le Luxembourg). Tout cela est fort bien mais cela manque un peu d’ambition. Alors mon pays a inventé d’autres frontières, à l’intérieur même de mon pays. Mon pays appelle cela : frontière linguistique, communautaire ou régionale. Cela dépend de l’humeur.
Dans mon pays, de mémoire d’homme, les deux premiers mots que l’on apprend à l’école sont : crise communautaire et gemeenschapscrisis (il faut prendre en compte les des deux côtés de la frontière linguistique). Les deux suivants sont : Réforme de l’état et Staatshervorming.
C’est bien, c’est un nom et un adjectif, et ainsi nous apprenons la grammaire de notre pays et de nos langues respectives. Dans mon pays, je le dis souvent, si mon pays était réellement un pays, je le dis aussi très souvent, ce pays pourrait être d’une grande richesse, il est aujourd’hui — un peu à l’image du monde — un incompréhensible chaos".
L’une des spécificités du texte est d’être écrit en plusieurs langues (FR, NL et EN) sans surtitre, tout en restant compréhensible pour les publics francophones auxquels il est destiné.
Bords de scène 27 avril avec Paul JORION (en vidéo conférence) : anthropologue, expert financier, essayiste, chroniqueur et professeur associé à l’Université catholique de Lille 28 avril avec Xavier DUPRET : Économiste-analyste 3 mai avec Philippe DEFEYT : Chercheur, enseignant, consultant, membre fondateur D’ECOLO et ancien mandataire politique.
Avec Texte Laurent Plumhans
Avec la collaboration de Yannick de Coster, Emilie Maréchal et Benjamin Op de Beeck
Mise en scène Laurent Plumhans
Assistante à la mise en scène Ninùccia Berthet
Avec Emilie Maréchal et Benjamin Op de Beeck Scénographie Johanna Daenen en collaboration avec Sylvain Descazot et François Prodhomme
Costumes Johanna Daenen
Réalisation des décors et des costumes Johanna Daenen (décors en collaboration avec Sylvain Descazot et François Prodhomme)
Créateur son Luc Bersier et Laurent Plumhans
Créateur lumière Xavier Lauwers
Régisseur général et lumière Carmelo Capizzi Photographe de plateau Margot Briand Chargée de communication Isabelle Plumhans Chargée de production et suivi Tax Shelter Marta Bassan
Chargée de diffusion Alex Sartoretti Production DC&J, DROITDANSLEMUR
Coproduction DC&J, DROITDANSLEMUR Théâtre Marni et CC de Verviers Avec le soutien du Théâtre Marni, A mots découverts (Paris) et Gare au théâtre (Vitry-sur-Seine), du Théâtre Poème 2,
de la Chartreuse (Villeneuve-les-Avignon), WBI, de la SACD et de la Fabrique de Théâtre. Texte Lauréat ARTCENA 2019
Production DC&J Création avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral de Belgique et de Inver Tax Shelter
Remerciements Théâtre de la Vie, Bamp

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Lundi 2 mai 2022, par Didier Béclard

J’ai été éduqué de manière autoritaire et francophile

Divorce à la belge (allégorie écologiste)

« J’ai été éduqué de manière autoritaire et francophile » (ou « Belgium Remix ») s’interroge sur notre rapport au monde, au niveau intime comme planétaire. Spectacle philosophique, riche et parfois déjanté, il questionne les errements du monde contemporain qui risque d’aller droit dans le mur.

Un homme et une femme sont attablés, manifestement, au réveil. Il parle flamand, elle français. Ils se comprennent, presque toujours. Il lui demande son programme du jour, elle va à Paris écouter Thomas Piketty et Paul Jorion (respectivement économiste français et expert financier belge, pour résumer). Il lui raconte un rêve où, dans une pièce aux murs jaune et noir, il a vu sa mère et son grand-père fasciné par Degrelle. Il exprime sa sensation que la guerre n’a jamais fini mais se poursuit sous une autre forme.

On enchaîne sur le dialogue, à l’antenne, des deux sommités où Paul Jorion explique, entre autres, que l’espèce humaine pourrait s’éteindre d’ici trois générations pour des raisons écologiques, financières et du fait des machines qui réfléchissent par elles-mêmes. Thomas Piketty souligne, pour sa part, que la consommation de masse appauvrit les masses réactivant les inégalités du passé et plaide pour un modèle social qui régule les inégalités (pour résumer).

Retour au couple, plus ancré dans le quotidien, sur fond de musique douce et de chants d’oiseaux. Il jardine en devisant sur la Belgique et ses multiples frontières, la violence politique et les étrangers riches et les étrangers pauvres qui y sont « accueillis ». De retour de Paris, elle lui annonce son trouble d’avoir rencontré un ami d’enfance, son premier amour, à l’aéroport. Et son envie de faire sécession du couple. Il tente de la retenir, en vain.

La coexistence (pacifique) entre ces deux-là, issus de cultures différentes, vient d’atteindre ses limites. La suite ne sera que déchirement, incompréhension et violence ponctuée d’autres échanges entre les deux penseurs de l’économie politique qui soulignent les errements de notre monde actuel qui se prépare au deuil de l’humanité. La planète brûle et il s’en trouve encore qui chipotent sur des questions linguistiques (pour rappel ou pour les non-initiés, les Belges sont arrivés à la récente Cop 26 en ordre dispersé, les différents gouvernement régionaux n’ayant pu s’entendre sur un même objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre).

Le message de l’auteur et metteur en scène, Laurent Plumhans, n’est pas optimiste, loin s’en faut. L’humanité va droit dans le mur (le nom de sa compagnie, d’ailleurs), à la manière d’une voiture de crash test dans laquelle seraient assis des êtres humains. Mais il le traite avec énormément d’humour (la politesse du désespoir), une qualité d’écriture et la lucidité nécessaires pour envisager une fenêtre qui permette de sortir la tête de ce marasme.

Il faut parfois s’accrocher lorsque l’on passe de la réalité du couple aux projections des conférenciers (surtout si Paul devient Thomas ou qu’arrive un certain Bernard), les deux comédiens assumant tous les rôles. Ils sont d’ailleurs remarquables d’énergie et de justesse dans cet exercice. Émilie Maréchal est Française et manifestement plus douée pour la flûte à bec que pour les langues. Benjamin Op de Beeck est Flamand et manie mieux différents idiomes que l’instrument mais se distingue particulièrement dans on interprétation de « Laat me niet alleen ».

Didier Béclard

« J’ai été éduqué de manière autoritaire et francophile » de Laurent Plumhans, avec Émilie Maréchal et Benjamin Op de Beeck, jusqu’au 4 mai au Théâtre Marni à Bruxelles, 02/639.09.82, www.theatremarni.com.

Théâtre Marni