Le Groenland est une ancienne colonie danoise qui a repris certaines compétences tout en restant un pays constitutif du Danemark. Nous sommes en 2025 et le Groenland, riche de ses réserves minières et pétrolières, rêve d’indépendance. Suite au réchauffement climatique, cette île offre de nouvelles opportunités et les mers qui l’entourent deviennent plus praticables, notamment par l’ouverture du passage Nord-Ouest. Du point de vue écologique, l’utilisation de ces richesses ne peut qu’accélérer le processus d’altération du pays, ce qui explique l’activisme écologique très présent.
Dans un contexte de guerre généralisée en Europe, le Groenland apparaît donc comme une terre d’accueil. Quatre passagers montent clandestinement à bord de l’Arctic Serenity, remorqué pour une ultime traversée avant d’être transformé en hôtel de luxe. L’ex-première ministre du Groenland, un journaliste, une ancienne activiste cataplectique et une veuve transportant les cendres de son mari sont accueillis par un passeur et une mystérieuse jeune fille. Obligés de voyager ensemble, ces personnages qui ont tous un lien avec l’avenir du Groenland, apprennent à se connaître.
Les décors sont fabuleux, l’atmosphère d’un paquebot est parfaitement recréée et agrémentée d’une touche insolite comme la présence d’un orchestre live surmonté d’une banderole « We love global warming ». A l’instar de « Tristesses », les scènes qui se déroulent dans d’autres parties du bateau sont filmées, donnant une profondeur supplémentaire au spectacle. Alors que dans « Tristesses », le spectateur assistait simultanément au tournage et à la projection, ici, il ne bénéficie que de la projection, les images étant filmées à l’arrière des décors, dans une scénographie reproduisant les autres endroits du bateau.
Dans cette ambiance de terrorisme et de convoitise se déroule une autre histoire, celle qui entoure la mort de Mariane Thuring, activiste décédée quelques années plus tôt, lors du précédent voyage de ce bateau. Le paquebot avait alors heurté une plateforme pétrolière provoquant une énorme catastrophe écologique. Depuis, on raconte qu’un fantôme erre sur le bateau.
Après « Tristesses », « Arctique » est le second volet d’une trilogie qui explore les côtés sombres de l’humanité. Alors que le réchauffement climatique donne de l’espoir au Groenland, il pourrait accélérer sa chute. A n’en pas douter, un certain pessimisme réaliste entoure les œuvres d’Anne-Cécile Vandalem, qui semble vouloir alerter. Dans cette dernière création, on retiendra les décors, l’ambiance, les touches d’humour, une certaine extravagance (un ours affamé !), la maîtrise technologique et cette militance intrinsèque. Certains pourraient trouver le spectacle trop long ou trop complexe. Chacun jugera ce choix délibéré de l’auteure. Mais dans tous les cas, il s’agit d’une œuvre à voir et à apprécier, n’est pas Anne-Cécile Vandalem qui veut !
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