À la vie, à la mort

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 15 novembre au 31 décembre 2019
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Le Public
Rue Braemt, 64 70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 2 724 24 44

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À la vie, à la mort

Que sommes-nous prêts à faire pour la planète ?

Que sommes-nous prêts à faire pour ceux qui nous sont proches ?

L’action de la pièce nous projette dans un futur proche d’une dizaine d’années.

Dans ce temps, pas si lointain, afin de résoudre tout à la fois le problème du coût du vieillissement de la population et le manque de moyens pour investir dans le développement durable, l’État met en place un système d’une efficacité redoutable, mais éthiquement et moralement très perturbant : Écothanasia.

Dans ce contexte, qui balaie impitoyablement les valeurs humanistes, au profit de la logique économique et des urgences écologiques, deux vieux amis (des amis de longue date, qui sont aussi de vieux amis…) à l’approche de leur fin de carrière, se trouvent confrontés à la question brûlante de savoir ce qu’ils laisseront comme héritage aux générations futures.

Bernard Cogniaux et Pierre-André Itin ont les idées folles, mais la plume légère. Ils écrivent une pièce drôle, forte et décalée, très enthousiasmante. Ils touchent à un sujet tabou et creusent leur sillon avec un certain cynisme, mais avec élégance, humour et beaucoup de pertinence : que se passerait-il si on programmait l’heure de sa mort, au bénéfice d’un monde durable ? Un futur inquiétant, mais dépeint avec bienveillance. Et c’est ça qui est élégant !

UNE PRODUCTION DU THÉÂTRE LE PUBLIC. AVEC LE SOUTIEN DU TAX SHELTER DE L’ÉTAT FÉDÉRAL BELGE VIA BELGA FILMS FUND ET DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE. Photo affiche © Gaël Maleux.

Distribution

De Bernard Cogniaux et Pierre-André Itin. Mise en scène : Michel Kacenelenbogen. Avec : Edwige Baily, Pietro Pizzuti et Alexandre Von Sivers. Assistante à la mise en scène : Lou Kacen. Scénographie : Noémie Vanheste. Costumes : Chandra Vellut. Lumière : Alain Collet. Musique originale : Pascal Charpentier.

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3 Messages

  • À la vie, à la mort

    Le 23 novembre 2019 à 15:55 par Ilda

    Très beau sujet, très belle idée originale. Mais malheureusement, on reste sur sa faim car la pièce n’exploite pas l’humour noir qui pourrait être lié au sujet, cela aurait pu être plus acide, moins prudent. Ou alors mettre le public plus en danger par rapport à la question légitime de cette solidarité intergénérationnelle. On sent qu’on n’ose pas nous bousculer. Les personnages n’ont pas beaucoup d’évolution au final et sont relativement peu crédibles dans leur soi-disant revirement. On aurait préféré être face à un modèle qui pose des questions morales et qui suscite la critique, mais pouvoir faire ce travail de critique nous-mêmes sans que l’on sente la critique aussi orientée dans la pièce elle-même....

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  • À la vie, à la mort

    Le 24 novembre 2019 à 10:26 par juliette

    Excellent spectacle qui donne (un peu) à réfléchir.
    Un avenir pas très lointain et fort préoccupant - le sujet n’est pas vraiment original mais est hélas d’actualité.
    les interprètes sont d’excellents et méritent les applaudissements bien nourris.

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Dimanche 24 novembre 2019, par Jean Campion

Pour un suicide rentable ?

Comme la plupart des citoyens, qui ont dépassé la cinquantaine, Bernard Cogniaux et Pierre-André Itin sont préoccupés par l’héritage que nous laisserons à nos enfants. Puisque la création d’emplois durables est hypothéquée par le coût du vieillissement de la population, ils ont imaginé "Ecothanasia", un concept qui règle à la fois les problèmes de pensions et d’emplois. Le principe est simple. En acceptant de programmer le moment de votre mort, vous permettez à l’Etat de réaliser des économies sur le paiement des retraites. Réinvesti dans des projets durables, ce capital économisé soutient les initiatives de jeunes entrepreneurs. "Un mécénat post mortem". Les auteurs d’"A la vie, à la mort" s’attaquent à un tabou. Pour nous amuser, mais surtout pour nous inciter à regarder en face un avenir angoissant.

Charles et Michel sont de vieux amis, qui vivent un troisième âge dynamique. Lorsqu’ils courent, ils contrôlent scrupuleusement leurs performances. Ce matin, Charles se sent beaucoup trop vaseux pour participer au jogging prévu. Tant pis. Comme cadeau d’anniversaire, Michel lui a offert une rareté : le journal du jour...version papier. Nous sommes en 2027 ! On peut y lire un article consacré à "Ecothanasia". Ce concept écoeure Charles, alors que son ami recherche des précisions via une chaîne de télé. Ils ne sont pas sur la même longueur d’ondes. Michel est choqué par le cynisme avec lequel on envisage de liquider les vieux. Mais il est convaincu que l’on va droit dans le mur, si l’on ne trouve pas une solution réaliste. Au comble de l’indignation, Charles dénonce la monstruosité de cette offre immorale, en l’opposant à la dignité de tribus qui respectent les vieillards, gages de sagesse. Déchaîné, il clame sa volonté de s’accrocher à la vie. Désormais, il profitera des coloscopies gratuites, qu’il avait toujours boycottées.

Michel est radieux. Sa fille, titulaire de deux masters en économie, va enfin pouvoir lancer son entreprise de phyto-remédiation. Champagne ! Virginie calme son enthousiasme. La concrétisation de son projet dépend d’un accord avec "Ecothanasia". Le père blêmit. Pour permettre à sa fille de poursuivre de longues études, il a déjà hypothéqué son appartement. Doit-il consentir à un nouveau sacrifice ? Plusieurs péripéties vont amener certains protagonistes à changer de camp. Elles titillent notre curiosité, mais ne nous entraînent pas dans une intrigue solide. Les auteurs cherchent avant tout à confronter différents points de vue sur "Ecothanasia".

Leurs personnages servent à illustrer le contraste entre ces réactions. Nous n’entrons pas dans leur intimité. Virginie (Edwige Baily) est une jeune fille calculatrice, obsédée par sa réussite professionnelle. Adepte du Carpe diem, Charles (Pietro Pizzuti) entretient sa forme physique, pour prolonger sa carrière de don juan. Moins égocentrique, Michel (Alexandre Von Sivers) est un veuf qui s’efforce de rester dans le vent. Sa lucidité teintée d’amertume lui inspire quelques remarques grinçantes. Cependant Cogniaux et Itin ne trempent pas leur comédie dans l’humour noir attendu. Ils se contentent de critiquer "Ecothanasia", en se moquant d’euphémismes comme "solidarité intergénérationnelle" ou en ridiculisant la roublardise de ses porte-paroles. La mise en scène de Michel Kacenelenbogen souligne l’aisance avec laquelle ces vieux gamins ont apprivoisé écrans interactifs, casques de réalité virtuelle ou chien robot. La marche du progrès est irréversible...

Dans "Le Meilleur des mondes" (1932), Aldous Huxley décrit une dictature parfaite, où les faibles sont conditionnés pour servir l’élite. En nous imposant des images glaçantes, il défend les valeurs humanistes. Trop bienveillants, les auteurs d’"A la vie, à la mort" décrivent une solution économique scabreuse, avec une neutralité gênante. Prenant à partie le public, deux personnages justifient leur choix personnel par des raisons différentes. Complètement dépassé, le troisième croit vivre un cauchemar. Ces témoignages permettent-ils de mesurer ce qui est acceptable ?

Jean Campion

Théâtre Le Public